Pousse-au-crime
En racontant l’histoire d’une rockstar qui ne parvient jamais réellement à naître, Nick Hamm avait la possibilité de faire de Killing Bono l’antithèse idéale des biopics actuels et de leur success story formatée. Peine perdue. Scénario bancal, réalisation maniérée et acteurs trop fades : sur l’écran comme dans son livre, I Was Bono’s Doppelganger, le jeune loup Neil McCormick ne parvient pas à percer.
Les acteurs n’y sont pas pour grand chose. Ben Barnes tente de faire honnêtement son boulot en campant au mieux un Neil McCormick dévoré par l’ambition et la jalousie. Né dans le même patelin irlandais, U2 connaît une carrière éclair alors que son groupe reste cantonné aux concerts dans des boîtes de strip-tease glauques et des bars miteux. Un destin malheureux que les choix hasardeux de ce loser complet sont loin d’améliorer.
Non, le problème vient surtout du fait que Nick Hamm, à l’instar de son héro qui tente tout mais ne réussit rien, ne semble pas savoir où il va. Pas un seul plan ne dure plus de deux secondes. Loin de rythmer le récit à la manière d’un clip, ces saccades en cascade lui confèrent plutôt un côté stroboscopique fatiguant. Un malaise renforcé par les faux-raccords et la caméra trop souvent penchée qui cherche sans doute à donner un aspect inquiétant à certaines scènes.
Ce recours à des accessoires faussement arty mais vraiment artificiels se répète dans le scénario. En parallèle des ratés successifs de son existence, Neil McCormick s’embrouille avec un gangster de Dublin. Une intrigue supplémentaire qui tient surtout du soupoudrage désespéré visant à donner du corps à une trame narrative répétitive : le groupe connaît un petit succès, Neil McCormic fait à nouveau un mauvais choix, ce qui replonge la formation dans la galère en attendant le prochain « rebondissement ».
Reste la musique, étrangement absente alors qu’elle devrait logiquement se trouver au centre du récit (après tout, il s’agit bien d’une rivalité entre deux groupes de rock, dont l’existence même tient aux titres qu’ils jouent). A peine l’aperçoit-on au travers de quelques scènes de concert, ce qui la met autant en valeur qu’elle pouvait l’être dans la série S Club 7.
« C’est un film qui rend hommage à l ‘échec », a déclaré Nick Hamm au cours de la promo de son film. Difficile de dire qu’il ne colle pas à son sujet.
Sortie le 3 août 2011