Captain America.
(réalisé par Joe Johnston)
Fait à la main.
Dernier film de super-héros d'une année surchargée en la matière (mais pauvre en comparaison de la prochaine), Captain America est loin d'être le plus mauvais. Son charme vient surtout de son côté old school et gentiment dépassé. Une bonne surprise après un Thor juste correct et un Green Lantern calamiteux.
Captain America nous conte l'histoire de Steve Rogers, un gringalet chétif et malade amené à devenir un puissant super-soldat grâce à un sérum expérimental. Devenu le symbole d'une nation et de la liberté, il se rendra au front et affrontera le terrible Red Skull, un nazi qui joue à Dieu avec le cube cosmique...
Aux origines.
Avec ce film, Marvel revient à ses origines. Ils portent sur leur premier super-héros un regard à la fois respectueux, amoureux et amusé. Car ce type qui porte la bannière étoilée et utilise le drapeau comme bouclier est un symbole vivant mais archaïque, dépassé. Le réactualiser semble être une gageure tant son combat contre les nazis et son patriotisme naïf n'ont plus vraiment lieu d'être de nos jours. Pourtant, il est bien là. Et sans parvenir à justifier totalement cette renaissance, le film a des arguments à défendre.
Identité visuelle.
Tout d'abord, on peut féliciter le travail effectué sur les décors, le maquillage et la reconstitution historique. On voit que les créateurs se sont appliqués pour créer un univers cohérent. L'identité visuelle est ainsi parfaitement adaptée et se pare d'un style rétro-futuriste du plus bel effet. Les bunkers de l'Hydra et leur arsenal assurent le côté futuriste alors que le background et l'attirail de l'armée américaine s'occupent du côté rétro. Les deux styles se marient parfaitement et c'est un plaisir pour les mirettes.
Ainsi, Marvel justifie la renaissance cinématographique du grand-père des super-héros modernes. Ils ne trahissent pas l'identité visuelle et symbolique du personnage tout en assurant le spectacle que l'on peut s'attendre à voir devant un film de la firme de nos jours (combats, explosions, effets spéciaux).
Enfin, il faut saluer le côté archaïque et artisanal des effets. Il y a en effet très peu d'images de synthèse. Ils ont privilégié les maquillages et les décors construits plutôt que les ajouts par ordinateur en post-production. Et il faut saluer l'initiative qui est cohérente avec l'identité visuelle du film. Le savoir-faire manuel de bons artisans à l'époque du tout numérique en somme.
Récit d'aventures.
Le scénario fait la part belle au récit d'aventures old school. Artefact magiques à la Indiana Jones, poursuites en moto à la James Bond, méchant diabolique se prenant pour Dieu, héros en plein voyage initiatique, très belle pin-up au caractère d'acier... Tout y est. Le film passe et on ne s'ennuie jamais. Un bon divertissement estival qui n'offre aucune piste de réflexion mais fait passer un très bon moment. Et c'est déjà pas si mal.
Justification éphémère.
Si son identité visuelle offre au film la justification de son existence, elle n'est que partielle. Quel est l'intérêt de ressusciter Captain America de nos jours? A cette question essentielle, nous n'avons pas de réponse scénaristiquement parlant. Le personnage mène son combat contre les nazis, pour la liberté et est le soldat borné et patriotique qu'il était autrefois. Mais il ne trouve aucune résonance avec notre époque. Il ne transcende pas ses caractéristiques primaires. Il est au final assez lisse. Et c'est extrêmement dommage car la matière est bien là. C'est pareil pour le reste des protagonistes de l'histoire. Ils sont cantonnés au simple statut d'archétypes. Il aurait fallu un film plus long pour les développer et leur permettre d'exister. Les enjeux dramatiques en auraient été décuplé.
De même, il flotte sur le film le même sentiment d'exposition nécessaire que sur les précédents Marvel en vue des Avengers. Un passage obligatoire qu'on réalise en traînant les pieds. La scène post-générique le prouve bien.
En conclusion, Captain America est une réussite visuelle totale mais est trop faible scénaristiquement parlant. Il est trop court et est incapable d'élever ses personnages au-delà du stade de la figure prédéfinie. Le film souffre de cette dualité. Le décor est planté avec attention, si bien qu'on ne doute pas de leur volonté de faire un bon film. Mais ce qui s'y déroule est trop lisse bien que divertissant. Bon mais pas inoubliable.
Les+ :
- Identité visuelle.
- Interprétation solide.
- Bon divertissement.
Les- :
- Pas assez long.
- Personnages lisses.
- Avengers.
Note: