Exposer un créateur de haute couture, un pari encore à relever ? Première rétrospective internationale de JP Gaultier, cette exposition est une rare occasion de voir de près les réalisations du créateur. Mais l’on reste sur sa faim!
C’est là que le bat blesse : une belle mise en scène, un beau déballage de moyens, mais un mode de présentation des réalisations qui se limite à la simple exposition. Comme si on ne pouvait exposer un créateur que sur le mode du défilé de haute couture, de l’apparition (certes enchanteresse) presque mystique, au secret imprenable.
Alors bien sûr, le parcours donne quelques clefs de lecture et souligne quelques sources d’inspiration (la plupart étant immédiatement lisibles, pas besoin d’être normalien pour saisir les influences de l’univers X et du bondage dans certaines de ses collections). Mais l’exposition se réduit à son strict minimum, quelques repères biographiques, listing des collaborations artistiques de JP Gaultier avec divers cinéastes, musiciens ou chorégraphes. Extraits des défilés de mode, photographies des créations, extrait des films où les costumes ont été réalisés par le couturier.
Rien n’est dit sur leur processus de fabrication, les aspects techniques ou économiques, le déroulement des défilés. Rien non plus sur les petites mains, les différentes étapes qui vont du dessin à la couture. Rien sur le travail des matières, sur les exigences des costumes de danse ou de cinéma. Rien, ou très peu.
On sent que le commissaire d’exposition, ancien mannequin, a voulu préserver, voire reconstruire cette magie des défilés. Alors oui, l’exposition est une chance unique de voir de près ces créations réservées à un public restreint. Mais l’on y apprend peu sur le créateur et le monde de la haute couture.
La clef est encore réservée aux initiés. Et l’on part frustré, car si le titre de l’exposition « De la rue aux étoiles », laissait présager la mise en valeur d’un terreau et de sources d’inspiration populaires, force est de constater qu’on nous scotche le nez dans les étoiles, sans nous fournir les lunettes adéquates pour les lire. Un rendez vous manqué!
Les plus :
- C’est beau, puis on peu dire « j’ai vu! » en sortant.
Les moins :
- On voit beaucoup mais on apprend peu.
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Exposition créé par le Musée des Beaux arts de Montréal.
Commissaire d’exposition : Thierry-Maxime Loriot
Aménagements : Projectiles (architecture intérieure), Paprika (identité visuelle) et UBU (mannequins).
Renseignements pratiques :
Ne pleurez pas, cette expo traversera les océans! Vous pourrez la voir au :
Dallas Museum of Art :
13 novembre 2011 – 12 février 2012
Fine Arts Museums of San Francisco, de Young :
24 mars – 19 août 2012
Fundación Mapfre – Instituto de Cultura, Madrid :
26 septembre – 18 novembre 2012
Kunsthal Rotterdam, aux Pays-Bas :
9 février – 12 mai 2013
En attendant, elle est au Musée des Beaux arts de Montréal jusqu’au 2 octobre, tous les jours sauf le lundi, nocturnes les mercredis, jeudis et vendredis.
http://www.mbam.qc.ca/fr
Par Ap.B.