Un film sur l’arnaque, c’est toujours un problème. D’entrée de jeu, vous êtes prévenu : une entourloupe va se dérouler sous vos yeux, une escroquerie va s’échafauder et logiquement vous n’y verrez que du feu. Vous aurez beau chercher le trop gentil ou le faux méchant, rien n’y fera et avec un bonheur indicible le piège se refermera devant vos yeux ébahis.
Autant de repères que je n’ai pas trouvés dans « La prisonnière espagnole » dont les manigances sont tellement évidentes que très rapidement, tout se délite, et qu’il vous tarde d’en connaître l’issue , tout aussi prévisible que décevante.
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Je résume : un inventeur qui hésite entre le niais et le naïf ( Campbell Scott le fait très bien ) imagine que son nouveau projet , de la plus haute importance, va profiter à son patron, sans lui rapporter un fifrelin . Alors, quand par le plus grand des hasards, un richissime personnage lui conseille de se méfier de son entourage, il va tout bonnement se placer sous sa protection.
Vous avez beau lui dire, n’y va pas, c’est tellement gros, mais ne te balade donc pas comme ça, en plein jour, avec ton dossier sous le bras, rien n’y fait. Les ficelles sont énormes, plusieurs scènes complètement téléphonées (c’est bien simple, vous précédez les déplacements du héros) et le jeu des acteurs tout aussi lourdingue.
J’ai rarement vu Ben Gazzara aussi emprunté dans son costume de directeur de société, tandis que la belle Rebecca Pidgeon en fait des tonnes pour nous dire qu’elle n’est pas celle que l’on croit. Seul un brin d’humour réussit à sauver quelques scènes, qui ne suffisent cependant pas à donner un quelconque crédit à ce film que David Mamet dirige d’une main de maître. Mais l’œil n’y est pas.
Quelques repères
Comme aucun supplément ne vient justifier l’existence d’un dvd, voici quelques repères personnels sur les films du genre inscrit au panthéon du septième art.
De mémoire, et de mon humble avis, après « Usual Suspect » que je place hors catégorie, tellement il est spécifique, le meilleur film d’arnaque demeure « Les neuf reines ». On vous y trimballe du début jusqu’à la fin, de fausses pistes en faux semblant, et même une fois le dénouement assuré, vous n’êtes pas certain d’avoir saisi les tenants et aboutissants d’une escroquerie de haut vol. « La couleur de l’argent », et « L’arnaque » sont aussi de très belles références.
Dans " Les neuf reines", Ricardo Darin et Leticia Brédice sont frère et soeur, chat et souris ....
Peut-être moins ciblés sur le genre, mais s’y référant totalement par l’intrusion d’une escroquerie : « Braquage à l’Italienne », « Jackie Brown » et « Arnaque, crime et botanique ». Je ne parle pas ici de tous les films qui font référence au jeu et particulièrement au poker ( » Les joueurs »… )
Très peu de réalisateurs français se risquent aujourd’hui sur le tapis roulant , ou alors de manière biaisée , mais convaincante comme l’excellent « Anthony Zimmer » de Jérôme Salle ou avec une pointe d’humour prolongée qui donnera une bonne comédie « L’arnacoeur » de Pascal Chaumeil .
Enfin, malgré son titre ( » Une arnaque presque parfaite »), j’ai été très décu par le film de Rian Johnson, trop prévisible pour être vrai. A l’image de notre prisonnière ….
Prix de vente public conseillé : € 19.99