Cet été, l’économie est en string topless sous un cagnard de folie
Si le mois de juillet n’avait pas été totalement calme, le mois d’août est à peine entamé qu’il promet déjà des rebondissements dignes de films Hollywoodiens. On croyait que l’épisode « Pas de répit pour la mauvaise Grèce » signait la fin de la saison 2011 : que nenni ! L’épisode suivant, « Il Cavaliere dell’Apocalisse », avec Silvio en guest-star, nous offre une suite renversante et pas du tout prévisible…
Avant d’entrer dans le vif du sujet, comprenez bien que tout ce qui suit est scripté.
Malheureusement, c’est par les Keynésiens, qui n’y comprennent goutte et, prenant le manuel d’urgence à l’envers, s’échinent à aligner méthodiquement les réponses les plus catastrophiques aux problèmes qu’ils analysent de travers.
Ainsi en va-t-il du feuilleton médiocre de la dette américaine : il fallait avoir deux trains de retard pour ne pas comprendre qu’un accord serait évidemment trouvé, et se vautrer dans la facilité intellectuelle pour imaginer que les marchés allaient gober le bricolage minimaliste.
Et il faut être un peu limité, ou totalement servile, pour oser croire comme le fait S&P, l’agence de notation, que les marchés ont déjà intégré un déclassement de la note américaine (qui n’intervient pas alors qu’il aurait dû depuis un moment). Ici, on joue à se faire du bien : si l’on déclasse, pardon, quand on déclassera, vous verrez, ça ne fera même pas mal.
Tu parles.
Même en utilisant des « peut-être » et des « éventuellement », l’hypothèse d’un bon gros ouragan de merdes n’est maintenant plus écartée. Certains l’annoncent timidement, mais il suffit de regarder les nouvelles économiques s’amonceler du mauvais côté de la balance pour comprendre que la messe est dite :
* Les bons obligataires du trésor allemand sont maintenant achetés même avec un rendement nul corrigé de l’inflation. Retraduit en français normal, cela signifie simplement que les investisseurs fuient les autres bons, à commencer par les italiens. C’est l’affolement.
* Le Japon est obligé de faire intervenir sa banque centrale pour… freiner la hausse de sa monnaie. Là encore, on se demande exactement en quoi ceci montre une vigueur retrouvée de la monnaie européenne, ou une maîtrise du bidule par nos dirigeants. L’adjectif « paniqué » semble bien mieux coller aux réactions des politiciens (qui nous vendent, fort cher, leur prétendue expertise) que celui de « maîtrisé ».
* Berlu l’Italien n’a pas réussi à convaincre. Entre sa voix mal posée, son discours creux et les petites discussions budgétaires repoussant à 2014 toute velléité de remise en ordre des comptes de la nation, on comprend la fébrilité des marchés.
* FébrilitéAngoisse des marchés qui se traduit par… des rachats massifs des dettes irlandaises et espagnoles par la BCE. Non, ça ne pue pas. Les arrêts intempestifs de cotation ne sont que la marque d’une petite panne logicielle sans gravité. C’est la routine. D’ailleurs, Jean-Claude T. a repris deux fois du boudin à la cantine.
* L’Espagne baigne dans le pognon facile. À tel point que ses dirigeants ont décidé d’annuler son émission obligataire du 18 août prochain. Ce serait trop abuser, les piscines d’euros sont pleines, et les « clignotants sont au vert. Vif. »
* Quant au CAC40 en France, quand il est coté, il se porte mieux que bien.
Mais tout ça, c’est de la gnognote. Ce sont les parties émergées d’icebergs joufflus qui flottent dans notre direction. Pour rappel, le Titanic a déjà coulé et les barcasses de sauvetage, dans lesquelles pagaient furieusement de façon parfaitement désordonnée des dirigeants européens en mode panique, font des ronds pathétiques.
Car en réalité, tout le monde sent confusément que cette histoire de monnaie unique et, plus largement, cette histoire de monnaie fiat, c’est très mal barré. On ne s’étonnera pas que le mouvement de thésaurisation de piécettes bat son plein.
Certains y verront une bulle sur l’or, c’est évident. D’autres noteront que bulle ou pas, si la zone euro subit un défaut de paiement, l’euro risque bel et bien de dévisser sévèrement et que la possession d’or ou d’argent physiques risque de s’avérer plus qu’utile.
Et c’est là que les choses deviennent croustillantes : sous le prétexte habituel de nous venir en aide, le législateur envisage d’encadrer (pour ne pas dire saboter) la vente d’or en France.
En substance, on utilise une recrudescence réelle ou fantasmée des vols de métaux précieux pour… retirer aux citoyens toute possibilité de fuir (ne serait-ce qu’en partie) le système de fraude légale du papier monnaie.
En fait, tout ceci n’est qu’un film, basé sur une histoire d’horreur, réalisé par des cascadeurs chevronnés de la finance internationale qui n’hésitent pas à commettre des actes inouïs, faisant fi de dangers toujours plus grands, pour épater la galerie et faire croire qu’ils maîtrisent quelque chose. Ne faites jamais ça à la maison ! Vous seriez poursuivi par le fisc, et la Justice vous pendrait par la peau des fesses.
Tous ceux qui ont deux sous de bon sens savent que cela va mal se terminer : les États sont maintenant noyés dans leurs propres dettes. Il n’y a que trois issues :
1. Faire face et rembourser. Ce qui entraînerait déflation et rigueur telle qu’aucun politicien ne peut l’envisager. Il va de soi que cette solution, la plus honorable, est celle qui ne sera jamais envisagée : trop de têtes tomberaient.
2. Déclarer des défauts de paiement. Ça revient à imposer aussi de la rigueur, mais le politicien peut continuer à prétendre qu’il a tenu tête aux marchés, à l’instar d’un Chavez ridicule qui prétend augmenter le salaire minimum lorsque le pouvoir d’achat s’effondre dans des proportions terrifiantes.
3. Faire partir l’inflation. Là encore, les pauvres vont devenir encore plus pauvres, les riches encore plus riches (magie du socialisme), mais le tout, en douceur et sous les applaudissements d’une foule inculte aux principes économiques de base.
Quand on factorise la pleutrerie et la veulerie de notre classe politique, gageons que le 2 et 3 seront panachés.
Décidément, jamais la phrase « Je suis du gouvernement et je viens vous aider » n’aura autant fait peur.
Cette Europe est foutue.
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