Citoyens !
Il s’en est passé des choses via / grâce / à cause (de) Citizen L. en quelques 3 ans et demi, plus de 950 posts, et près de 2000 commentaires.
Le contexte a foncièrement évolué : les “blogueurs” qui tiraient le phénomène des médias sociaux en termes d’attention médiatique se sont rapidement faits rattraper de tout un nouvel écosystème où chacun est potentiellement un “web-blogger” en puissance. le mobile a bouleversé les cycles de vie des informations, qui se trouvent non plus seulement linéaires mais bien plutôt en forme de courbe de Lissajoux (le truc qu’on voit via un oscilloscope).
La conversation n’a donc plus spécifiquement lieu entre cercles d’ “initiés” seulement. Et c’est probablement la meilleure nouvelle que de signaler l’erreur magistrale de la définition d’une quelconque “blogosphère” que j’avais reprise dans mon tout premier post :
“La liberté de choix rend le vedettariat inévitable …Le modèle présuppose que les utilisateurs ultérieurs prennent place dans un environnement déformé par les utilisateurs précédents ; le mille et unième utilisateur ne plébiscitera pas de weblogs aléatoirement, mais sera plutôt influencé, même si c’est inconsciemment, par les préférences exprimées dans le système auparavant. Il faut noter que ce modèle est complètement muet quant à la raison pour laquelle un weblog peut être préféré à un autre. “
En fait, on se rend compte que les systèmes de “vedettariat” ne concernent qu’une toute petite frange des groupes s’exprimant via le web. Non pas une “élite”, car il s’agirait de les considérer en haut d’une pyramide sociale, mais bien plutôt des individus en liens avec quelques institutions ou organisations institutionnalisantes notamment médiatiques, marketées ou professionnelles. Pour les autres le plaisir prime. Les affinités sont certes influencées par l’existant (Google trace des voies et cadre aussi le défrichage sur un sujet…), mais la manière dont les nouveaux entrants s’organisent est le plus souvent affranchie des codes des groupes précédemment installées. Ainsi des étudiants en marketing d’une école X vont d’abord se lier entre eux, citant vraisemblablement une myriade de nouveaux centres de gravité ; ainsi des jeunes entrepreneurs vont-ils lancer un business autour de la mode en se greffant sur un postulat mondial, créant une nouvelle verticalité en France.
Il importe dès-lors pour se rafraichir les idées, quand on est presque un jeune papy du web, d’aller puiser d’autres sources d’inspirations.
Le deal est le suivant : faire une bonne vieille chaine entre “blogs” autour de 5 idées qui vont apparaitre via / grâce ou à cause du Social Media Marketing. Je commence donc :
- l’expérience marketing sur les points de vente va totalement se métamorphoser ; d’une zone considérée comme destination (le consommateur va produire l’acte d’achat dans la boutique), ils vont devenir des zones de passage donc des zones de contact où l’acte d’achat aura lieu plus tard (je repère, je me “lie” à la marque, je décide plus tard)
- le pouvoir de suggestion va se baser sur le pouvoir de recommandation de façon encore plus intensive. De manière claire : c’est à travers les choix de vos contacts/amis/connaissances que les algorithmes de “suggestion” vont être optimisés. Ainsi sur Amazon.com par exemple, vous n’aurez plus seulement des livres “related” aux livres que vous êtes en train de mettre dans vos paniers d’achat, mais aussi des produits ou services connexes, basés sur les expériences connexes de vos contacts
- les zones “underground” vont se développer et les logiques de clubs privés (aka accessibles non pas à travers un moteur de recherche mais parce qu’on vous a donné le lien en mains propres) vont se développer. Vive le “No Follow”
- de nouvelles affinités dues à la réel-isation du monde digital vont émerger en ligne ce qui va encore faire exploser les expériences utilisateurs
- les procès se basant sur la propriété intellectuelle vont continuer à s’accélérer; on le voit déjà via les blogueuses mode qui se font piquer leurs idées par les grandes marques; ce qui va conduire à une privatisation du web en tant qu’ancien domaine public
Je demande donc à Chasseuses de Tendances de nous livrer ses vues, mais aussi au Prince du Web (car il a un aka qui est digne de Citizen L.), aux Archivistes parce qu’ils sont en train de passer du soft rock au punk hardcore, à Françoise Fassin aka BookGirl car elle est une planneuse de génie, à Alice in Wonderlinks pour la revue magistrale de liens qu’elle fait, et à Stéphane Lautissier qu’on ne présente plus.