A Whaston vivent deux astronomes amateur : Hudelson et Forsyth. La même nuit, à la même heure, à la même minute, à la même seconde, ils recensent le passage d’un « bolide » dans le ciel. Leur rivalité s’accroit alors pour déterminer la paternité de la découverte. Elle s’accentuera à mesure que la composition du météore apparait. Cependant, cet affrontement implique aussi deux jeunes gens de chacune des familles, aspirant au mariage. Et le mariage, parlons en…
Lorsqu’on parle des dernières publications de l’écrivain, on a l’habitude de pointer un doigt
Pendant les quelques centaines de pages du roman, on suit le mano a mano d’Hudelson et Forsyth et les effets de leur rivalité sur leurs familles respectives. Comme un Roméo et Juliette du XIXème siècle, deux jeunes gens subissent cette lutte somme toute futile et pathétique. La lutte pour l’or est ouvertement stigmatisée par J.V. Car il s’agit bien de cet attrait pour la richesse qui bouleverse à ce point d’abord deux familles puis de nombreux états. La fortune est ouvertement le nerf de la guerre pour ces pays et pour ces familles. Outre le prestige qu’une telle découverte implique, chacun voit dans ce météore un vecteur de richesse qui n’est pas pour leur déplaire. Qu’importent les manœuvres, même les plus perfides ! A l’époque des Révolutions Industrielles, ce genre de discours ne devait pas être du goût de tous. Il étonne d’autant plus quand nous avons été habitués à l’engouement de Verne pour les sciences et les expérimentations. Cependant, parlant d’expérimentations, on peut aussi s’étonner de certaines positions de l’auteur concernant les modes de vie. L’institution du mariage en prend un coup. Non pas dans le principe de l’union, plutôt valorisé, mais dans les possibilités accrues a priori de le rompre. Par bien des aspects, Verne est de son temps : le rôle des femmes est dans la soumission, le mariage doit faire écho à un comportement précis et doit être tenu etc. Loin de l’image aventurière que je m’en faisais, je découvre ici un J.V. moribond.
Malgré les quelques réserves, et le fait qu’il ne s’agisse pas à mes yeux de sa meilleure œuvre (Voyages Extraordinaires et autres textes confondus), La chasse au météore reste intéressant. La critique du système capitaliste, qui prendra la direction que l’on connait, apparait étonnamment moderne. La guéguerre entre Hudelson et Forsyth finit par captiver malgré tout. Je crois que le plus difficile dans cette lecture est d’admettre que J.V. n’a pas toujours le lustre qu’on lui prête (à juste titre d'ailleurs). Ne vous fiez pas à l'illustration de l'édition (je propose en guise d'illustration la couverture de la version lue) : elle ne reflète pas du tout le roman...
note :
Les Murmures.