Les (mal)chanceux qui comme moi sont sur le marché depuis 2000 savent ce que cela veut dire. Ca fait juste le troisième bear market qu’on se tape en un peu plus de dix ans. Pour les jeunes loups qui viennent de débuter ça la fout mal certes. Pour les plus anciens, c’est paradoxal, mais on commence à prendre ça avec philosophie. Finalement on a déjà connu ça, tout le monde croyait que la fin du monde était là. Plus personne alors ne boirait du Coca-Cola, ne changerait ses enfants avec des Pampers, ne se raserait avec des Gillette, ne se brosserait les dents avec du Colgate ou ne se laverait les cheveux avec du Palmolive. L’humanité allait changer : des hommes barbus, aux dents cariées, des enfants au derrière insalubre et des femmes aux cheveux gras. Voilà la nouvelle société post carbone.
Ca a marché la première fois, un peu moins la deuxième, mais cette fois on ne nous y reprendra pas. C’est comme avec leurs grippes aviaires et porcines. Ah pardon, on ne doit pas dire porcine, mais H1N1. Comme ça plus besoin de se casser la tête pour la suite de la série. Bref.
Ok, il va falloir se serrer la ceinture. Et alors ? Le marché a bien survécu à deux guerres mondiales, trois chocs pétroliers, un krach technique, plusieurs bulles technologiques et plusieurs crises financières.
Il faut voir le côté positif : depuis jeudi soir le ratio de la capitalisation totale du marché par rapport au PNB US est descendu à 86.4, soit allègrement dans la zone d’un marché correctement évalué. Pas sous évalué étonnamment. Rappelons-nous que nous sommes partis de tellement en haut en 2000, qu’il aura juste fallu un peu plus de 10 ans pour revenir à la normale (comme l’avait prédit W. Buffet), avec juste deux points d’entrée intéressants en 2003 et 2009. Cela veut dire que ça peut, pour ne pas dire que ça va, encore baisser. Mais ça signifie aussi qu’à partir de maintenant, on peut espérer des performances de la part des actions qui correspondent mieux à leur statut (pour autant qu’on investisse à long terme, comme il se doit pour ce genre d’actifs).
Bon maintenant c’est l’éternel débat… Quand acheter ? Certains fondamentalistes affirment qu’il vaut mieux acheter un peu trop tôt que trop tard. D’autres pensent au contraire qu’il vaut mieux acheter un peu trop tard, comme la plupart des analystes techniques. L’important il me semble c’est de se sentir à l’aise avec sa démarche, et surtout, et c’est particulièrement trivial, d’acheter bon marché. Plutôt que de se focaliser sur la tendance haussière ou baissière, il vaut mieux s’arrêter sur le prix à instant donné et le mettre en rapport avec la valeur de la société (ses bénéfices, sa valeur comptable, sa capacité d’innovation, sa position concurrentielle, son management, ses perspectives de croissance, les dividendes versés, sa rentabilité…).
Il faut du courage c’est vrai. Et il faut avoir les nerfs solides pour supporter d’autres baisses à venir. Avoir un peu de cash de côté peut aider aussi à profiter de ces corrections ultérieures. Il faut surtout enfin avoir une vision à long terme et ne pas se laisser perturber par les sirènes des médias.