La décision de la chambre d'instruction de la Cour de justice de la République d'enquêter sur les actes et comportements de Christine Lagarde dans l'affaire Tapie pour complicité de faux en écritures publiques n'est pas étonnante. Bien que son avocat clame urbi et orbi que cette décision permettra d'innocenter la ministre, d'autres juristes ne sont pas de cet avis. Certes, ne piétinons pas la présomption d'innocence. Mais soyons lucides : la décision de recourir à l'arbitrage et de passer outre les conseils et avis négatifs de spécialistes place Christine Lagarde dans une situation délicate même si elle a obéi aux ordres de l'Elysée. La directrice du FMI n'est pas au bout de ses peines
Car l'objectif était bien de complaire à Bernard Tapie et de lui renvoyer l'ascenseur. Proche de Sarkozy, Tapie a finement joué l'amitié politique et bénéficié d'une mansuétude financière exorbitante. Comme l'a bien dit Charles de Courson, député Nouveau centre et membre de la commission des finances de l'Assemblée nationale, « on n'a jamais vu quelqu'un toucher 45 millions d'euros pour un préjudice moral. Un million c'est déjà le bout du monde. » Nanard rigole. Quand on lui demande s'il est inquiet et s'il devra un jour rembourser les sommes touchées (de l'argent de l'Etat !) il explose et affirme que jamais, au grand jamais, il ne devra rendre un centime.
Décidément l'été nous réserve bien des surprises. Le site Médiapart va publier sur plusieurs semaines (façon wikileaks) les 5000 documents en sa possession et concernant l'affaire Takiedine, un franco-libanais très très proche du pouvoir actuel et mêlé de très très près à des turpitudes financières que Mediapart présente comme scandaleuses. On y retrouve Jean-François Copé, Brice Hortefeux, Claude Guéant, Edouard Balladur, toute la Sarkozie, en un mot, la Sarkozie amoureuse du pouvoir et de l'argent. Les documents ? Des photographies, des lettres de conseils de Takiedine, des propositions de rendez-vous en pays étrangers (Arabie Saoudite, Libye…) et si possible en dehors des voies diplomatiques habituelles. Tout cela fleure bon le scandale d'Etat. Mediapart insiste sur le fait que la Justice n'est pas saisie de certaines affaires et que la grande presse (écrite) devra, tôt ou tard, s'intéresser au dossier.
Enfin, cerise sur le gâteau, Eric Woerth a bien été mis en garde contre sa décision de vendre l'hippodrome de Compiègne pour la somme de 2,5 millions d'euros. Le Canard enchaîné de cette semaine publie des documents irréfutables et allant tous dans le même sens : Woerth a passé outre l'avis d'organismes publics qui défendaient à la fois un montant dix fois plus élevé et une procédure concurrentielle ignorée par l'ancien ministre. Le mois de juillet a été bien froid pour les touristes et les vacanciers. Août s'annonce plus chaud sur le front des affaires.