Cette étude américaine publiée dans l'édition du 1er août des Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine a étudié la prévalence de masturbation, sa fréquence et ses associations avec les comportements sexuels associés. Si les grandes organisations de pédiatrie comme l'American Academy of Pediatrics et l'American College of Obstetrics and Gynecology reconnaissent entièrement cette pratique comme partie intégrante de la sexualité des ados, elles vont même jusqu'à recommander d'aborder la question lors des visites médicales, compte tenu des associations de la masturbation avec certains types de comportements.
Le développement sexuel est un processus dynamique au cours de l'adolescence, et la masturbation est une composante durable de la sexualité, concluent les auteurs. Des différences fondamentales existent entre les comportements sexuels des ados en fonction du sexe. Les professionnels de santé de l'enfant et de l'adolescent devraient pouvoir en discuter avec leurs jeunes patients.
La masturbation est une pratique normale et courante, presque universelle chez les hommes et signalée par une majorité de femmes. Dans cette étude, menée sur 2.172 participants adolescents ainsi que leurs parents ou tuteurs, quelques soient les groupes d'âge, davantage de jeunes hommes (73,8%) déclarent pratiquer la masturbation que les jeunes femmes (48,1%). Chez les garçons, la pratique augmente avec l'âge: à 14 ans, 62,6% déclarent l'avoir pratiquée au moins 1 fois, à 17 ans, c'est le cas de 80% d'entre eux. 67,6% des jeunes de 17 ans déclarent l'avoir pratiquée durant le dernier mois, 42,9% pour les garçons de 14 ans. Chez les jeunes filles, la masturbation augmente aussi avec l'âge (58% à l'âge de 17 ans vs 43,3% à l'âge de 14 ans).
Malgré sa forte prévalence, la masturbation reste un sujet tabou dans tous les milieux. Dans la recherche sur le comportement sexuel, la masturbation fait partie des sujets les plus sensibles, et la sous-déclaration par les adolescents en est la preuve. Culpabilité, honte, et indulgence continuent à être des sentiments associés à la masturbation. Au sein même des familles, les parents déclarent avoir des difficultés de discuter de masturbation avec leurs enfants adolescents tout comme les professionnels de santé qui omettent d'en parler même lors de soins de santé sexuelle.
Des liens importants entre la masturbation et d'autres comportements sexuels: Les jeunes hommes ayant déclaré la masturbation dans la dernière année étaient plus susceptibles d'avoir une activité sexuelle associée (OR: 4.2) et des associations significatives ont été mises en évidence avec le rapport sexuel vaginal (OR: 4.3) et le sexe oral (OR: 4.1). Chez les jeunes femmes, s'engager dans la masturbation en solo a été également associé à une activité sexuelle en partenariat (OR: 4,5), dont la masturbation en présence du partenaire (OR: 8,4), au sexe oral (OR: 5,5), au rapport sexuel vaginal (OR: 2.1) et anal (OR: 14,0).
Enfin, l'utilisation du préservatif a été associé à la masturbation en solo chez les jeunes hommes mais pas chez les femmes.
La masturbation, pratiquée plus fréquemment par les jeunes hommes que par les jeunes filles fait donc partie du développement sexuel “normal” et même permettent, selon les auteurs, aux autres comportements sexuels de se développer. En rejetant la masturbation, on méconnaît son rôle dans la sexualité des adolescents. Les organisations professionnelles telles que l'Académie américaine de pédiatrie et l'American College of Obstetrics and Gynecology reconnaissent la masturbation comme une composante normale de l'enfant et développement des adolescents et recommandent que les professionnels de santé éduquent leurs patients sur la masturbation, dans le cadre de discussions sur la sexualité au cours des visites de santé préventifs.
Source: Arch Pediatr Adolesc Med. Published online August 1, 2011. doi:10.1001/archpediatrics.2011.142 “Prevalence, Frequency, and Associations of Masturbation With Partnered Sexual Behaviors Among US Adolescents”