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Aux ordres

Publié le 05 août 2011 par Toulouseweb
Aux ordresLa Chine impose (un peu trop) sa loi. Prudence !
C’est un sentiment de malaise qui interpelle les consciences : ŕ force d’évoquer le marché potentiel immense que constitue la Chine, n’en faisons-nous pas un peu trop ? Corollaire : les Chinois, ŕ la recherche de légitimité aéronautique, ne vont-ils pas trop vite et trop loin ? On peut difficilement contenir de telles questions quand l’actualité nous rappelle que nous parlons lŕ d’une nation puissante, certes, mais qui est tout sauf une démocratie.
Qu’il s’agisse de censurer honteusement les médias au lendemain d’une catastrophe ferroviaire ou des grandes prétentions internationales de l’agence de notation Dagong, pour ne prendre que deux exemples trčs récents, il est difficile de rester indifférent. Et c’est pire dčs qu’on aborde le sujet glissant des transferts de technologie. Il n’est pas bien méchant d’assembler des Airbus A320 lŕ bas –ce n’est que de l’assemblage- mais le rachat pur et simple d’entreprises prend une tout autre signification, remarque qui s’applique notamment au secteur de l’aviation privée et d’affaires.
L’espace aérien chinois s’ouvre aux vols privés, les industriels occidentaux se précipitent ŕ Beijing ŕ la recherche d’opportunités nouvelles et, dans le męme temps, les Chinois, soucieux de gagner du temps, rachčtent ŕ tour de bras des sociétés capables de les aider ŕ aborder un domaine qu’ils ne connaissent pas. Aussi a-t-on découvert, sans vraie surprise, que les Chinois figuraient en bonne place, pour la premičre fois, parmi les exposants d’AirVenture, le gigantesque rassemblement annuel d’avions privés d’Oshkosh qui vient de fermer ses portes.
Leurs faits d’armes récents : ils ont non seulement racheté le motoriste Continental et l’avionneur Cirrus, deux pépites, mais aussi Superior Air Parts, Brantly Helicopter et Epic Aviation. En plus, ils parlent achat de licences avec Cessna, Hawker Beechcraft et Embraer. Et ce n’est sans doute qu’un début.
Réalité économique ou miroir aux alouettes ? Chacun tente de se forger une opinion mais la maničre de faire, de dire, de négocier, n’est pas vraiment propice ŕ l’établissement d’un dialogue sain entre interlocuteurs égaux. Gulfstream nous en donne la preuve, ces jours-ci, de maničre tragi-comique en annonçant que le G250 a été rebaptisé G280 … pour éviter de déplaire aux Chinois. Cet élégant biréacteur d’affaires, produit en association avec Israel Aircraft Industries, a effectué son premier vol en décembre 2009. Né G250, il poursuivait ses essais de certification et se préparait ŕ aborder une carričre tranquille, basse conjoncture mise ŕ part, quand les responsables du programme ont découvert avec consternation que les chiffres 2 et 5, en toutes lettres et en cantonais, avaient une connotation négative en Chine.
En évitant soigneusement d’en dire plus que le strict minimum, Gulfstream a donc pris une mesure corrective tout ŕ fait radicale. Ainsi est Ťnéť le G280, tout ŕ fait en mesure de respecter la sensibilité propre ŕ diverses cultures du marché (sic). On devine ętre passé ŕ côté d’une autre catastrophe : si 3 et 5 passaient mal en cantonais ou en mandarin, sans doute aurait-il fallu débaptiser l’A350XWB. Sachant que l’appellation A380 est déjŕ prise, un problčme intéressant aurait été posé. Comme quoi il arrive que l’opportunisme et l’hypocrisie montent jusqu’au ciel.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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