Le danger de croire pouvoir voler

Publié le 26 juillet 2011 par Jcharmelot

Tom Friedman du New York Times écrivait récemment :  Reading the headlines these days, I can’t help but repeat this truism: If you jump off the top of an 80-story building, for 79 floors you can think you’re flying. It’s the sudden stop at the end that tells you you’re not. It’s striking to me how many leaders and nations are behaving today as though they think they can fly — and ignoring that sudden stop at the end that’s sure to come.

Son commentaire visait le premier ministre israélien, Benjamin Natanyahou. Et son refus de négocier la question des colonies de peuplement en Cisjordanie. Il a toutefois une valeur universelle et pourrait aussi bien s’appliquer à des responsables dans d’autres pays du Moyen-Orient. Ou à des hommes politiques européens, comme Nicolas Sarkozy, ou David Cameron, qui se sont lancés sans discernement dans un conflit en Libye. Ils semblent de plus en plus nombreux, ces responsables, à considérer que l’usage de la force apporte une solution à des problèmes politiques, au moment même où le pays qui depuis dix ans s’est fourvoyé dans cette direction, les Etats-Unis, tente désespérément de sortir des guerres du siècle dernier, en Afghanistan et en Irak.

Mais lorsque les responsables politiques pensent ainsi savoir voler, ce sont les citoyens qu’ils gouvernent qui finalement viennent s’écraser au sol.

Au beau milieu des odes au « printemps arabes » que la presse occidentale continue de chanter, un intéressant papier du Los Angeles Time vient décrire les difficultés économiques d’Israël. Et souligner l’inégalité croissante entre les riches et les pauvres dans ce pays qui fut pour beaucoup et pour longtemps un modèle et un exemple de richesses partagées, mais aussi d’efforts et de sacrifices communs. Mais les temps ont changé, et la terre d’Israël ne tient plus ses promesses. Tout y est cher, les riches y sont plus riches, et les pauvres plus pauvres. Mais alors, que reste-t-il à défendre si l’idéal d’une société égalitaire est ainsi remis en question?

Dans le même temps, la machine de propagande tourne à plein régime, comme l’explique Mideast Shuffle. Ce blog particulièrement bien articulé expose la manipulation de l’information dont un quotidien aussi prestigieux que The Times of London se rend coupable. Le Times a consacré un long article à la fourniture par la Syrie au Hezbollah libanais de dizaines de missiles SCUD, capable de frapper toutes les villes israéliennes. Selon le Times, ces armes seraient concentrées dans un complexe au sud Liban baptisé « la ville des missiles » par le Hezbollah. Ce déploiement se ferait au nez et à la barbe des milliers de soldats de l’Onu en mission au Liban, et sans éveiller l’attention des satellites de toutes nationalités qui surveillent en permanence la région la plus explosive du monde. Cette affaires des missiles « furtifs » n’est pas nouvelle, et il est bien étrange qu’elle ressorte aujourd’hui, en cet été bien instable, qui semble annoncer un automne douloureux.  

Les illusions perdues, les espoirs déçus, les idéaux vaincus,  mais aussi les mensonges, les manipulations, les mauvais prétextes forment un mélange  périlleux. Il ennivre ceux qui nous gouvernent, et leur fait croire qu’ils peuvent voler. Et les empêche de réaliser que le sol s’approche trés vite.   

New York Times

Mideast Shuffle

L.A. Times