Il ne me reste plus qu’à vous proposer désormais de gravir le mont Everest de l’œuvre du Maestro de la composition et de la magnificence musicale.
Le 6e sens « la maîtrise du tout »
La mission qui lui incombe fait partie des pires qui soient : succéder à 2 albums considérés comme légendaires. Exercice au combien périlleux ayant entraîné le déclin musical et identitaire de nombre de groupes … oui je pourrais très bien citer Metallica, mais ce serait totalement subjectif et puis non ! Je ne tirerais pas sur l’ambulance.
Rentrons dans le vif, cet album est tout bonnement extraordinaire de la première à la dernière seconde.
On pensait ne plus pouvoir goûter d’album aussi riche que son successeur sous peine d’indigestion, et bien c’était faux !
Symbolic est tellement bon qu’il est impossible de sortir des morceaux du lot que ce soit vers le meilleur comme vers le moins bon.
Tel un met onctueux cuisiné et dressé par nos plus grands chefs, Symbolic se savoure à chaque bouché et en se délectant de sa finesse, de chacune de ses saveurs équilibrées et associées avec la plus grande des justesses. Un album pour le coeur et pour la tête.
Comment arriver à un tel niveau d’expertise culinaire… heu pardon musicale ?
Première chose le son de ce 6e opus, dans sa quête de la perfection, Chuck a privilégié un son le plus précis et clair possible.
Deuxième point une finesse et une limpidité exacerbée. En effet notre usine à riffs préférée a réussi ce tour de force de proposer des enchaînements de plans toujours aussi surprenant mais pour autant tellement évident (dans le bon sens du terme …).
Explications : Individual était un album de génie et d’une folle créativité artistique, les enchaînements de plans radicalement différents étaient amenés avec brio, finesse, virtuosité.
À l’inverse, lorsque l’on écoute son successeur, on a l’impression qu’il n’y a pas ce travail de transition totalement incroyable qui se conclue par l’enchaînement de riffs ou de plans totalement improbables… et pour cause ce n’est pas nécessaire.
Aussi surprenants et recherchés qu’ils soient, les enchaînements sont totalement naturels, limpides comme de l’eau claire … bref Chuck nous offre ce que tant de groupes avant lui ont échoué à produire.
Allez je me lance : c’est l’album de la maturité.
Schuldiner production nous propose un album totalement maîtrisé, que ce soit le son, la puissance, les mélodies, l’innovation… bref ce pilier de la discographie du métal combine toutes ces richesses de main de maître. Si à cela vous ajoutez la limpidité, vous obtenez un album lumineux, impressionnant et d’une majestueuse efficacité.
La fougue créative d’Individual laisse place à une démonstration, que dis-je, une master classe : « Composer un album parfait pour les Experts ».
Écoutez cette ouverture d’album telle une porte vers un voyage inoubliable, ce feeling des premières secondes d’Empty Words qui s’efface naturellement devant la puissance du plan suivant, le génie maîtrisé et la virtuosité canalisée du pont pré-refrain (voire de l’ensemble du morceau) de Crystal Mountain, et que dire du petit chorus flamenco de fin du même morceau… Une corne d’abondance de richesses musicales jusqu’au morceau de fermeture de l’album Perenial Quest, dont la dernière minute est d’une beauté, d’une tristesse incroyable tel le dénouement tragique d’une des meilleures productions cinématographiques hollywoodiennes … la conclusion somptueuse d’un album grandiose.
Écouter cet album ? c’est déjà devenir Fan de Death et de Chuck Schuldinner, qui plus qu’un king of pop mériterait d’être reconnu comme ayant été la personne qui aura le plus apporté à la musique (et non pas l’industrie musicale) du XXe et probablement des siècles suivants.
Trêve de blabla, Symbolic ne se lit pas, ça s’écoute et se déguste avec délectation !
Le dernier chapitre… The Sound Of Perseverance.
Comment ne pas voir dans cette ultime offrande du maître des lieux, une allusion à son combat personnel. Un combat perdu d’avance dans un pays ou le droit de survivre à la maladie se paie trop grassement…
Atteint d’une tumeur au cerveau, Chuck décède des suites de son traitement (au rabais) le 13 décembre 2001 et clôture ainsi définitivement et tragiquement l’histoire de Death.
RIP à toi qui a tant donné à la musique et aux musiciens qui t’ont écouté.
Revenons en à ce 7e opus du gang de Schuldiner.
Comme ses prédécesseurs, l’album est attendu avec impatience et devra relever le challenge de succéder à une orgie musicale quasi, si ce n’est parfaite (subjectivité quand tu nous tiens !)
Bien qu’excellent The Sound Of Perseverance n’éclipsera pas Symbolic et brisera le cycle du perfectionnement et de la sophistication d’album en album propre à l’histoire de Death.
Mais n’allez pas croire pour autant que ce dernier effort n’est pas à la hauteur de son artisan, car ce n’est absolument pas le cas.
En réalité, les premières secondes de l’album témoignent de ce qui vous attend, une démonstration technique parfaitement maitrisée que certains vénèreront et d’autres décrieront, un chant aigu dans l’air du temps pour l’audience la plus ouverte, et irritante pour les plus conservateurs…
Personnellement je trouve que cet album est excellent et très riche, voire trop. Chuck a peut être été trop loin et sombré dans la surenchère pour essayer de faire encore mieux que Symbolic.
Alors oui, sur cet album vous retrouverez tous les éléments qui firent la gloire de ce combos ainsi qu’un Chuck repoussant une nouvelle fois les limites de la musique et de ses structures , mais à mon sens cela c’est fait au prix de la limpidité et de la fluidité caractéristiques de l’oeuvre de Death depuis Human.
Globalement, The Sound Of Perseverance laisse un léger goût de musique un peu trop expérimentale sur le bout de la langue… heu pardon de l’oreille. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, car si les changements de plans sont moins clairs que sur Symbolic, ils n’en sont pas moins incroyablement bons, et donc les chansons qui jalonnent cet opus le sont aussi.
Simplement Chuck nous a mal habitué à réaliser le tour de force de nous proposer des albums surpassant la perfection de leurs prédécesseurs !
Typiquement, sur ce millésime 98, les breaks aussi surprenants et bons soient ils, arrivent parfois de façon un peu brutale, exemple le tapping de To Forgive Is To Suffer… mais voilà, comme le reste de la chanson, ce plan tapping brille par son excellence !
Bref quelques très légers flottements quand à la qualité de l’opus, mais comme je le tapais sur mon clavier précédemment, Death n’a absolument pas à rougir du dernier chapitre qu’il offre à son audience, même malade Chuck n’a rien perdu de sa superbe.
Les compos sont vraiment bonnes et surtout contrairement à nombre de groupes avant eux, Death n’a ni galvaudé ni plagié ses productions précédentes, allant même jusqu’à encore apporter de petites nouveautés notamment une section rythmique qui n’a jamais été autant mis en lumière ou encore le mélodieux Voice Of The Soul qui fait la part belle aux guitares acoustiques et vous coupe le souffle et enfin l’excellent cover de Painkiller (Judas Priest).
Vous pouvez donc vous lancer sans crainte, corps et âmes à la découverte de cet œuvre du Death Metal, car ce testament du groupe est brillant, créatif… et la mélancolie des lignes mélodiques est aussi émouvante qu’épatante et j’ajouterais : que telle la pythie elle semble hélas annoncer une prophétie dramatique non pas du groupe mais celle de l’homme.
On est donc arrivé à la fin du gros dossier sur la carrière et les albums de Chuck Schuldiner et je remercie très chaleureusement Le Blitz pour son intervention. Comme je lui disais en privé, ce fut vraiment un plaisir d’échanger avec lui sur Death et je n’ai plus qu’une chose à faire : compléter ma discographie !
’à…