Il y a quelques temps j’ai rencontré Julien Doré. De cette rencontre d’une dizaine de minutes est née deux interviews, une papier, et une pour le site de *NRJ*. Je sais que peu d’entre vous se rend sur ce site, et comme j’aime beaucoup cette interview je me suis permise de la poster sur le blog…
Bon la vérité aussi, c’est que j’ai pas beaucoup d’inspiration en ce moment, et je fais ce qui est bon d’appeler du recyclage. J’aimerais dire que c’est par manque de temps, mais je crois qu’en réalité c’est un peu par manque d’envie. Ca va revenir, je ne m’en fais pas pour ça…Juste besoin de faire une pause, et de couper un peu avec le blog, et la blogosphère. Et puis, là, vous êtes plutôt en très bonne compagnie, avec notre Bichon chéri.
Bichon est le nom de ton album, on a parlé du côté animal, mais c’est également un surnom affectueux, pourquoi l’avoir appelé comme ça ?
En fait, c’est le mot qui m’a fait rire et c’est pour ça que j’ai voulu appeler mon album comme ainsi. Cela m’amuse. C’est en décalage par rapport à ce que dit le disque. C’est ma manière de déconnecter l’album avec le sens direct des chansons, comme je l’avais fait pour le premier disque, c’est-à-dire choisir un titre d’album qui raconte autre chose, et je voulais le faire aussi avec ce disque-là. Le terme « bichon » prête à sourire, mais j’aime bien ce mot, sa rondeur, son côté premier degré, très simple. C’est à la fois un mot qui désigne une race de chien mais également que l’on peut employer pour s’adresser à quelqu’un.
Dans cet album on décèle deux penchants : la légèreté et un côté cru, est-ce qu’on peut dire que ce sont les deux facettes de Julien Doré ?
Dans certaines chansons d’amour que j’ai écrites, il y a un côté romantique et en même temps c’est brut. Après oui, il y a des paroles qui sont assez crues, mais en fait cela exprime toutes les facettes du rapport amoureux, et du rapport humain d’ailleurs : la séduction, le questionnement amoureux, et en même temps le rapport brutal, très frontal des corps qui se parlent, qui échangent. Les chansons sont à la fois écrites avec un vocabulaire poétique mais aussi avec des mots qui sont très simples, il y a même des noms propres, plus accessibles du coup.
On retrouve des duos assez décalés sur cet album, avec Yvette Horner ou même Biyouna, comment as-tu été amené à les rencontrer ?
Biyouna, je l’ai rencontrée sur le tournage du film de Guillaume Nicloux (Holiday). J’ai eu la chance d’en faire la B.O. et elle, était actrice. J’étais sur le tournage en train d’écrire des morceaux et on m’avait demandé de faire chanter Biyouna sur une chanson qui figurerait sur la B.O. En même temps, je préparais mes maquettes pour l’album, que je lui ai fait écouter, et je lui ai demandé si ça pouvait l’amuser d’essayer de chanter avec moi. Quant à Yvette, c’est tout simple. J’avais envie d’un accordéon et j’ai tout de suite pensé à elle. Je ne l’avais jamais rencontrée, et c’était l’occasion. Je ne savais pas vraiment si elle allait être d’accord, si ça allait lui plaire. Et finalement, ça s’est très bien passé.
As-tu déjà des idées de mises en scène pour ta tournée ?
On est en plein dedans. On est en train de réfléchir et d’essayer de jouer les morceaux ensemble correctement ! C’est déjà chaud, parce qu’il faut reprendre tout à la base. On joue tout en live donc il faut beaucoup bosser, et cela demande encore un peu de temps avant que cela prenne une forme correcte. Ce qui est dur, c’est qu’une fois que le travail est fini pour le disque, il faut tout reprendre depuis le début pour la tournée, et c’est un peu délicat.
Et dans la jeune génération d’artistes, y en a-t-il avec qui tu aimerais collaborer ?
Je suis par exemple très content de partir en tournée avec Puggy (tournée Ricard S.A Live). Je trouve qu’ils ont quelque chose de complètement décomplexé. Des groupes de rock qui chantent en anglais, qui ont conscience de leurs habits et du prix de leurs guitares, j’en connais des tonnes, mais je trouve, sans doute parce qu’ils sont belges et que j’adore la Belgique, qu’ils sont totalement décomplexés.
Ce que je veux dire, c’est qu’aujourd’hui on ne peut pas se prendre au sérieux en enfilant un perfecto et des Reppeto. Je pense que si on se croit original en faisant ça, on a déjà raté quelque chose. Alors qu’eux, ils ont de la fraîcheur. Dans ma génération, il y a des artistes que j’aime bien mais pour travailler avec quelqu’un j’ai besoin de le regarder « de bas en haut », d’être réellement émerveillé, sinon ça ne m’intéresse pas.
Tu as publié un EP dans lequel tu ne chantes qu’en anglais, envisages-tu d’écrire tout un album dans cette langue ?
Je chante en anglais avec Dig Up Elvis, donc c’est quelque chose qui existe déjà pour moi. La première fois que j’ai commencé la musique, aux Beaux-Arts, c’était avec eux, et en anglais. C’est un peu une vie parallèle. L’EP 5 titres en anglais est le reflet de chansons que je peux écrire facilement sur la tournée, de choses assez simples. Et on les chante pendant les concerts. On chante plein de chansons en anglais.
Beaucoup de personnes te comparent à Philippe Katerine ? Qu’est-ce que cela te fait ?
C’est évidemment quelqu’un que j’aime beaucoup. On a travaillé ensemble sur des chansons. C’est quelqu’un qui a fait des études d’art comme moi et d’hyper-libre. C’est une personne très instinctive, qui s’amuse de plein de choses, de l’époque dans laquelle il vit, en se déguisant, en chantant des choses à sa manière. Il ne blesse pas les gens, ce qu’il propose, c’est son univers. Après vous y adhérez ou vous n’y adhérez pas. Ce qu’il donne c’est quelque chose d’hyper-sincère, c’est l’idée de s’amuser, ce n’est que de la musique. Je suis très content que l’on me compare à lui, que l’on me voit comme son petit frère. Il est tellement libre sur scène, et c’est ça que j’aime chez lui.
Propos recueillis par Sabine Bouchoul pour le site NRJ