Mediapart continue ses révélations sur l'affaire Takieddine, toutes plus compromettantes les unes que les autres pour le Président de la République et ses proches. Cela pourrait (devrait?) faire scandale. Mais non rien. Ce n'est pas que la presse quotidienne évite le sujet : Libération a consacré ces dernières semaines 11 articles au sujet, le Figaro, 13. Seul le Monde se fait discret : je n'ai compté qu'un seul article en interrogeant la base de données du Monde.fr. La plupart de ces papiers reprennent les informations publiées par Mediapart. Et pourtant, rien ne se passe. Radios et télévisions sont silencieuses, mais elles prennent en général le train en marche, ce n'est donc pas surprenant. Pourquoi donc, cette quasi-omerta sur une affaire qui pourrait faire de gros titres et vendre du papier?
Est-ce parce que nous sommes en vacances? et que les journalistes politiques capables de l'exploiter sont absents de Paris? C'est une hypothèse. On peut en imaginer d'autres et y voir, par exemple, l'effet de la concurrence entre journalistes. Edwy Plenel et son équipe ont choisi un type de journalisme, à base de reprises de dossiers fournis par des juges, des policiers… qui peut agacer leurs collègues. Surtout si les sources de Médiapart leur sont fermées et peut-être sulfureuses (comment exclure qu'une partie de ces informations ne soit d'origine libyenne?). Mais le plus probable est que pour qu'un scandale de ce type prenne forme, il faut que les politiques s'en mêlent, qu'ils interpellent le gouvernement et donnent du grain à moudre aux éditorialistes. Or, les ténors du parti socialiste sont occupés à autre chose et ne souhaitent pas se voir accuser à leur tour de jeter des boules puantes. Marine LePen, si prompte d'ordinaire à sauter sur le moindre cheval, est, elle aussi, étrangement absente. On verra bien ce qu'il en est en septembre. Mais si l'affaire était insignifiante, la droite s'en serait saisie pour la désamorcer pendant l'été. Si les faits sont avérés et confirmés, la campagne de son candidat risque d'en être sérieusement affectée.