Pendant ces grandes vacances, j’ai eu l’occasion de me replonger dans True Blood, reprise à partir de la Saison 1, qui ne m’avait pas plus marqué que cela quand je l’avais vue la première fois. Pour cette note présentant mon avis sur la série, je pense que je vais évoquer les diverses influences que semble reprendre à son compte la série.
Les influences de la série
L’influence des X-Men : Quand on regarde la série, on peut penser aux célèbres mutants de l’univers Marvel. Les Vampires de la série se trouvent dans une situation similaire : ils se cachent d’un monde qui les craint et les rejette à cause de leurs différences. Car le point de départ de la série est des plus intéressant : partons du principe que les vampires existent, qu’est-ce qui les rendrait acceptables par la société ? Le fait de savoir que l’on ne court plus de risque en leur présence, ceux-ci se nourrissant de sang synthétique, la fameuse boisson Tru Blood donnant son titre à la série. Les X-Men, donc, parce qu’outre les Vampires et leur situation, la série met en scène d’autres êtres possédant des “super-pouvoirs” ou facultés cachées. Sookie Stackhouse, l’un des personnages principaux de la série, est télépathe, et l’on croisera par la suite un métamorphe, c’est-à-dire un être capable de changer de forme. A noter, Sookie est justement interprétée par Anna Paquin, déjà apparue dans la trilogie cinématographique X-Men, où elle était Rogue (Malicia, en VF).
L’influence Twin Peaks : Bon Temps, cette petite ville de la Nouvelle Orleans, au coeur du Bayou, peut rappeler également la ville de Twin Peaks, proche de la frontière canadienne… Dans les deux villes, proches d’une forêt, l’état de nature s’oppose en permanence au monde civilisé. Dans les deux villes, on sent alors la présence de forces primales, primitives, qui offrent la manifestation de phénomènes curieux. Dans ces deux villes particulières, on sent une sorte d’étrange normalité. Le surnaturel ne choque pas, ou plus. Et dans les deux villes, on croise bon nombre de personnages atypiques, en marge, ou encore qui possèdent une partie cachée. J’ai déjà évoqué Sookie Stackhouse et un personnage métamorphe, mais on découvre par exemple que le cuisinier Lafayette, homosexuel, est dealer de V, une drogue fabriquée à partir du sang de vampire, et se livre à des shows privés sur Internet.
L’influence des Sopranos : L’un des intérêts de la série est de proposer un cast de personnages étendu, mais également de lever le voile sur l’organisation supposée du monde de la nuit, l’univers des vampires. Ainsi, chaque vampire obéit en tous points, normalement, à son Sire, le vampire qui l’a “créé”. Chaque secteur ou territoire est sous l’autorité d’un sheriff, chargé de régler les conflits internes, faire la loi parmi les Vampires. Comme figures d’autorité dans cet univers, on a également des rois et des reines, et également un Magister, autorité suprême commandant à tous les autres. True Blood propose ainsi de donner à voir une organisation très hiérarchisée des Vampires. Tout comme la série Les Sopranos nous donnait à voir l’univers très hérarchisé de la Mafia, avec également des responsables de territoires, des sous-chefs et leurs lieutenants.
L’influence de Six Feet Under : Puisqu’elles ont le même créateur, Alan Ball, difficile ici de ne pas évoquer la première série du maître, Six Feet Under. Dans les deux séries, on peut noter la présence de personnages homosexuels, avec en plus le fait que le vampirisme dans son traitement parfois, au vu des réactions qu’elle suscite, par exemple, est proche de l’homosexualité. Dans les deux univers, on trouve des personnages paumés, qui essaient d’avoir une vie ordinaire, chose rendu difficile d’être légèrement en marge. Dans les deux séries, on trouve des séquences fantasmatiques suite à la consommation de drogues, cette obsession de vouloir traduire en images pour le spectateur l’état dans lequel on peut se trouver suite à la consommation de certaines drogues. Dans True Blood, les personnages appartiennent véritablement au Bayou, font corps avec cet univers, et on les imagine mal évoluer ailleurs. Dans les deux séries, on retrouve le même humour noir, particulier, inattendu, mais également le thème de la mort, particulièrement présent. Seulement, True Blood est plus légère, plus gore et plus sexe.
L’influence Buffy ? : Difficile de ne pas parler de la plus célèbre des Tueuses de Vampires quand on évoque les suceurs de sang dans une série. D’ailleurs, Buffy est mentionnée dans un dialogue faisant également référence à Blade. Les 2 sont mis sur le même rang de notoriété ! Alors, y-a-t-il un lien entre les 2 séries ? Hé bien… La relation entre Sookie et Bill, et leur histoire, peut rappeler celle de Buffy et Angel. On a le même type de relation, avec en plus, par la suite, la vampire qui a fait de Bill ce qu’il est devenu, qui viendra le tourmenter, à la façon d’une Darla… Bill Compton est un vampire qui n’a pas choisi sa condition, et possède une conscience moral : il répugne à se nourrir d’humains. Et ayant découvert Sookie, il ne vivra plus que pour la protéger. Mais une différence fondamentale est notable : alors que Buffy était une guerrière n’ayant aucunement besoin d’Angel pour la protéger, les deux pouvant se battre l’un à côté de l’autre, dans le cas de Sookie, on est revenu au stade de la jeune demoiselle blonde en péril ayant besoin d’être secourue, ce que ne manquera jamais de faire Bill… Pour poursuivre l’analogie, j’ajouterai aussi un vampire blond, rival amoureux souhaitant lui aussi posséder Sookie, Eric Northmann, tout comme Spike servira de rival à Angel pour le coeur de Buffy. Le même type de triangle amoureux. En plus du fait que les 2 séries ont toutes deux joué avec le mythe du Vampire, prenant ses distances avec certains éléments au profit d’autres (Bill Compton expliquera par exemple que certaines caractéristiques des Vampires, comme le fait de ne pas avoir de reflet, ne pas supporter l’ail, ont été créés par les Vampires eux-mêmes, afin de pouvoir mieux se dissimuler et passer pour humains).
Les raisons d’y jeter un oeil… ou pas ! (mon avis) : En fait, la série est à voir pour ses personnages surtout, et peut-être aussi son humour très… particulier. La série repose avant tout sur ses personnages, et leurs histoires de coeur rendues difficiles en général par le caractère particulier, exceptionnel, d’un des personnages, en marge, comme Sam Merlotte ou Bill Compton par exemple. Les personnages de la série sont loin d’être parfaits, et ont tous leurs défauts ou un caractère parfois difficiles, qui font peut-être que l’on s’attache à eux. Sinon, rien de nouveau, vraiment, sous le soleil, la série peut en partie se résumer à des histoires romantiques et des triangles amoureux, reprenant finalement pas mal d’éléments des soaps, présentés sous une autre forme. Si, pour la Saison 1, une intrigue de fond se dessine, elle n’est pas assez présente ou importante pour susciter un intérêt constant. Des meurtres se produisent autour de l’entourage des Sookie, sans qu’on sache pourquoi, ni si l’auteurs ou les auteurs sont humains ou vampires. Finalement, sous ses oripeaux de série “adulte”, en abreuvant les téléspectateurs de scènes sanglantes et de sexe, ellle reste assez ‘légère’ dans ce qu’elle raconte, traînant même parfois en longueur. Pas de réflexion profonde ici, certaines scènes semblent indiquer que la série s’amuse d’elle-même. En fait, la série joue beaucoup sur deux éléments : le cliffhanger choquant, et la révélation surprenante. Avec malheureusement le fait que la série, souvent habile dans cet art subtil du cliffhanger, se foire totalement à la fin de la Saison 1 et au début de sa saison 2, en proposant l’un des pires cliffhangers jamais vus, anti-dramatique au possible, avec une résolution… pathétique. En gros, et sans trop trahir, on se débarasse d’un personnage dont on avait plus l’utilité de toute façon…
En résumé : Pour peu qu’on s’intéresse aux univers de Vampires, et ne pas être choqués par les scènes gores ou de sexe, True Blood propose une varation intéressante du mythe, revenant à certains fondamentaux, loin du traitement light d’autres séries. Elle propose une galerie particulière de personnages, la plupart losers ou tête-à-claques, mais qui finissent par être attachants, et construit un véritable univers ordonné, plus encore que Buffy, the Vampire-Slayer, qui a mis plus de temps à construire son univers (normal, elle voulait raconter autre chose). Mais à condition de ne pas s’attendre à un scénario très poussé ou une intrigue de fond ambitieuse et très profonde…
Note : je n'ai pas évoqué le générique (que j'adore) ici, mais il est fort réussi, et c'est un des points forts de la série. Il pourrait d'ailleurs faire l'objet d'une prochaine note, tellement il y aurait à en dire...