Et de la voir ainsi, vers l'ombre et la splendeur
Tendue, il devina soudain quel nouvel être
Eve, à son tour, sentait naître et battre en son coeur.
Il s'approcha, ardent et gauche, avec la crainte
D'effaroucher ces yeux dans leur songe perdus ;
Des grappes de parfums tombaient des térébinthes
Et le sol était chaud de parfums répandus.
Il hésitait et s'attardait quand la belle Eve,
Avec un geste fier, s'empara de ses mains,
Les baisa longuement, lentement, comme en rêve,
Et doucement glissa leur douceur sur ses seins.
Émile Verhaeren, Extrait de Le Paradis