Non seulement le pays d’Ikea a réussi à traverser le choc des subprimes sans creuser sa dette, mais il a déjà retrouvé une croissance à faire pâlir d’envie ses partenaires européens. Mais quel est donc son secret ?
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6Hélène Thierry n’a pas honte de l’avouer : elle adore pointer à Pôle emploi. Ou plus précisément à l’Arbetsförmedlingen, son équivalent suédois. Voilà trois mois que cette Parisienne se rend tous les jours à l’agence de Tunnelgatan, dans le centre de Stockholm. Ce matin, deux jeunes pianotent studieusement sur les ordinateurs en libre-service dans le grand hall lambrissé de bois clair. A droite, une jolie blonde renseigne les rares visiteurs souhaitant un rendez-vous. «Personne ne crie, personne ne fait la queue : c’est un régal !», s’extasie Hélène.
Qui en oublierait presque sa mission : l’administration française l’a dépêchée ici pour tenter de percer les secrets du Pôle emploi suédois. Et comprendre pourquoi ses conseillers, pourtant pas plus nombreux que les nôtres, obtiennent de bien meilleurs résultats : ils recasent les chômeurs deux fois plus vite qu’en France, si bien que le taux de chômage, qui culminait à plus de 9% pendant la crise, devrait repasser sous la barre des 7% dès cette année. «Même avec trois fois plus de moyens, nous ne ferons jamais aussi bien», peste Hélène, sur le point de repartir pour Paris. Jalouse.
Bienvenue en Suède, le pays où la crise n’est déjà plus qu’un mauvais souvenir ! Depuis quelques mois, toute la zone euro en bave d’envie. L’affaire était pourtant mal engagée : en 2009, le royaume a été frappé par une récession de 5%. Ni plus ni moins que le Royaume-Uni ou l’Allemagne. Mais sa croissance est repartie aussi sec dès l’année suivante (+ 5,7%) et, avec elle, tous les indicateurs économiques. Les exportations ont grimpé de 10% en six mois, l’investissement, de 15%, et la consommation – qui avait relativement bien tenu pendant la crise – de 5%.
Quant aux perspectives de croissance, elles sont bien meilleures qu’en Allemagne, avec une hausse de 4,5% prévue en 2011, contre 3% outre-Rhin et à peine 2% chez nous. «Aucun Etat du Vieux Continent n’a enregistré de rebond aussi rapide et aussi solide», se réjouit Nils Karlson, économiste à l’institut de recherche Ratio, à Stockholm. Nom d’un Krisprolls ! Mais quel est donc le secret des Suédois ?
La méthode suédoise pour surmonter les crises – Capital.fr.