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Le ras-le-bol des travailleurs de l’urgence sociale

Publié le 04 août 2011 par Forrestgump54

Le ras-le-bol des travailleurs de l’urgence socialeTémoignages. Ce mardi, dans une trentaine de départements les travailleurs de l'urgence sociale, se sont déclarés en grève pour dénoncer les coupes budgétaires de l'Etat. Cette manifestation intervient deux semaines après la démission surprise du président fondateur du Samu social, Xavier Emmanuelli. Démission qui souligne la crise de l'hébergement d'urgence en France, laissé à l'abandon par le gouvernement qui a annoncé en mai une baisse budgétaire d'ici à la fin de l'année. Ainsi ce sont se sont plus de 4 500 places d'hébergement d'urgence qui vont disparaître.
A Paris, le rassemblement avait lieu dans le VIIème arrondissement, dans le square Boucicaut. "Pour moi c'est insupportable de voir à notre époque des mères avec des enfants dans la rue" explique Christine Remadere, éducatrice dans le Val-de-Marne, venue manifester comme quelques 300 personnes.
"Des familles se retrouvent avec des hébergements qui sont à des kilomètres"
Christine Remadere, éducatrice dans le Val-de-Marne: "Mes collègues et moi sommes épuisés. Sur le terrain on a de moins en moins de moyens, et on manque de personnel. L'autre jour une de mes collègues a appelé le 115 pour trouver un hébergement d'urgence pour une famille. Au départ, elle n'a pas eu de réponse. Après plusieurs appels, on a trouvé un hébergement pour cette famille qui venait de Créteil. Mais cet hébergement était à Fresnes. Cette histoire n'est pas anodine. De plus en plus de familles se retrouvent avec des hébergements qui sont à des kilomètres de leur lieu de travail ou des écoles de leurs enfants. Du coup, ces personnes ne reviennent plus et préfèrent dormir dans la rue. La suppression par le gouvernement de 4 500 places hébergements d'urgence d'ici la fin 2011 et leur remplacement par 4 500 logements, ne va pas arranger les choses. Pour le moment, les logements ne sont toujours pas construits et les personnes restent dans la rue. Ces derniers temps, nous voyons de plus en plus de mères avec leurs enfants qui dorment dans la rue ou dans leur voiture, à défaut d'avoir accès aux hébergements d'urgence. Et ce soir, comment ça va se passer avec le 115 en grève ?".
► "Les gens appellent mais nous n'avons pas de réponses à leur donner"

Caroline, responsable du 115 dans le 93: "Nous ne pouvons plus travailler dans ces conditions. Depuis le début de l'année les démissions sont nombreuses dans le SAMU de la Seine Saint-Denis. Les conditions de travaillent sont de plus en plus difficiles pour les travailleurs du SAMU social. Les gens appellent mais nous n'avons pas de réponses à leur donner, il n'est pas normal qu'en 2011 des gens dorment encore dans la rue. Au départ, lors de sa création en 1993 le SAMU social était destiné aux personnes isolées, aujourd'hui les centres voient de plus en plus de familles arrivées. Le SAMU social a été crée pour répondre aux besoins en matière d'hébergement, aujourd'hui nous ne faisons plus de l'urgence mais de l'hébergement durable. Malheureusement nous savons qu'aucune solution ne sera trouvée après".
►"Je ne veux pas entendre le mot de logement quand des gens sont à la rue"
Lucie Azzoug Bodin, accueil de jour à l'Amical du Nid dans le 93: "Je travaille dans l'urgence sociale depuis 1996. Pour moi, les personnes qui passent d'hôtel en hôtel pour dormir ça n'est pas digne, surtout quand on est avec des enfants. Notre équipe d'accueil de jour voit tous les jours des enfants épuisés ne sachant pas le matin, où ils dormiront le soir. Je suis révoltée par ces conditions désastreuses, je ne veux pas entendre le mot de logement quand des gens sont à la rue. Ces personnes ont d'abord besoin d'un accueil. Elles sont perdues sans cela. Nous pouvons tout à fait comprendre que les politiques trouvent ça fou de dépenser des sous dans des hôtels insalubres, mais l'Etat ne peut pas diminuer les hébergements d'urgence et d'insertion, certaines personnes ne sont pas prêtes à avoir un logement et on besoin d'un suivi".
► "Il ne suffit pas de mettre un toit sur la tête des gens pour qu'ils s'en sortent"
Noumassei, CHRS (centre d'hébergement et de réinsertion sociale) à l'Amicale du nid dans le 93: "Ce centre accueille des femmes seules en difficulté, pour la majorité ce sont des femmes travaillant en France, victimes de violences ou en lien avec la prostitution. Depuis quelques années les demandes ne cessent d'augmenter. Avec les réductions budgétaires le centre a de plus en plus de mal à fonctionner. Ce que je remets en cause, c'est la politique de l'Etat qui ne prend pas en compte ces personnes dans leur dignité. On pense qu'il suffit de mettre un toit sur la tête des gens pour qu'ils s'en sortent. En janvier 2012 le CHRS de l'Amicale devra faire face à la réduction budgétaire de l'Etat. Nous sommes devant un dilemme, soit nous gardons nos salariés mais nous n'avons plus de moyens pour fonctionner, soit nous supprimons des postes et notre structure pourra marcher".
–>Sur la déshérence de l'urgence sociale, à lire:
Xavier Emmanuelli quitte le Samu Social: "Ce n'est plus gérable"
Femmes et pauvres, l'Etat instaure la double peine
Pauvreté: plus de logement, une solution… les urgences

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