Tremblement…
Le ciel a cette odeur des grands soirs de tempête,
Le charme miroité d’un hiver ruisselant
D’or pourpre et d’indigo que l’horizon répète,
En flots tourbillonnés d’éther étincelant.
Les corps sont là, couchés, inertes sur la route,
Au centre d’un fatras de fer enchevêtré.
Leurs deux bras sont unis et le sang, goutte à goutte,
Teinte l’asphalte froid de rose diapré.
Leur souffle est affaibli. Un reste d’existence
S’imprime jusqu’aux cieux dans un soupir carmin,
Rendant plus douloureux cet instant de silence,
Où le sang mêle au sang le ciel et le chemin.
La douleur et l’espoir envahissent le monde.
Dans leur dernier regard, reproduit en leurs yeux,
Le grand char coloré que la lumière inonde,
Les berce tendrement en suprêmes adieux.