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Trois petits sacs ...

Publié le 03 août 2011 par Aminou

Dans mon salon, il y a trois sacs.
Trois sacs pleins d’une vie qui fut et qui n’est plus.
Pleins d’une histoire qui comme toutes les histoires, est née, a vécu, et est morte.
Cela fait presqu’un mois que je les contourne consciencieusement chaque matin, que je les évite méthodiquement chaque soir en rentrant, et pour tout dire, que je les crains ces trois petits sacs pleins de vie morte.
Trois semaines qu’ils me jaugent, me narguent, me menacent du coin de l’œil, m’attendent patiemment, bien conscients qu’ils sont ces trois sacs là que la guerre froide qui nous oppose ne pourra se solder autrement que par leurs victoire définitive, par KO définitif et sans retour de l’adversaire.
Je ne sais pas comment faire avec eux. Je ne peux les toucher c’est plus fort que moi. Je ne veux pas, je ne peux pas les vider.
Ce serait trop dur, trop douloureux.
Ce serait comme plonger profondément et douloureusement mes mains dans les entrailles d’une histoire qui fut et qui n’est plus, lui arracher ses organes vitaux, ses tripes, son cœur, son âme.
Ce serait comme lui ôter la vie une seconde fois en somme, à cette histoire qui fut et qui n’est plus.
Et puis, je sais bien moi qu’ils sont emplis de larmes ces sacs là. Et je ne veux pas les répandre encore plus qu’elles ne l’ont été ces larmes là. Elles sont amères, elles piquent les yeux ces larmes la.
Et dans ces trois sacs qui trônent dans mon salon, je sais qu’il y en a plein de ces larmes la. Des litres et des litres de larmes salées et amères qui piquent les yeux qui ravagent tout sur leur passage.
Et pourtant, chaque matin, je me raisonne, je m’encourage, je m’ordonne, je m’auto-suggère.
Et rien.
Rien n’y fait.
Je ne peux pas les approcher ces putains de trois sacs pleins d’une vie qui fut et qui n’est plus.
Ils me hantent ces sacs et je sais qu’ils savent bien eux, que je vais devoir moi céder, devoir avancer vers eux les yeux cernés, la mine triste et les joues blêmes.
Alors chaque matin, je repousse au lendemain, puis au lendemain encore, puis au surlendemain.
Mais arrivera bien un jour ou …
En attendant ce fameux jour là, je m’épuise dans un inutile et vain combat contre moi-même. Jusqu’à ce qu’un jour l’arbitre proclame la fin du combat par KO de l’un des deux et par voie de conséquence la victoire de La Fée Daubette contre elle-même, par KO de la Fée Daubette.
En attendant, ce jour, je m’épuise dans une course folle en avant …
Et qui sait peut être que demain j’y arriverais …


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