De carnavalet
RUE AUBRY-LE-BOUCHER
IVe arrondissement de Paris
(D'après Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, paru en 1875)
La partie qui s'étendait entre le boulevard de Sébastopol et la rue Saint-denis a été absorbée par la rue Berger. Voie citée dans un acte d'avril 1275 sous le nom de « Vicus Alberici Carnificis ». Origine du nom : Dû à un boucher appelé Aubry.
Notice écrite en 1857. La rue Aubry-le-Boucher d'alors comprenait, entre le boulevard Sébastopol et la rue Saint-Denis, la moitié d'une rue qui porte, depuis peu le nom de M. Berger, préfet de la Seine avant M. Haussmann. L'alignement donné au no 24, dans ce qui reste la rue Aubry-le-Boucher, prélude à un élargissement considérable.
Ébauche de son histoire :
Le cardinal de Saint-Eusèbe, un jour de l'année 1309, rencontra en passant par cette rue un homme qu'on menait au supplice et délivra ce malheureux. Les cardinaux, en pareille occurrence, jouissaient alors du droit de grâce qu'avaient eu les vestales à Rome.
cette réminiscence historiographique ne sert-elle pas de commentaire à une vieille enseigne de marchand de vin, encore visible à l'angle des rues Aubry-le-Boucher et Saint-Martin ? C'est un Chapeau-de-Cardinal, pavillon dont la couleur seule se rapporte à la principale marchandise qu'il couvre : les canons de l'Église et ceux qu'on sert sur le comptoir ne sont équivalents que pour des chantres. Des cardinaux, par exemple, fussent entrés avec plus d'aisance dans le magasin d'étoffes auquel a succédé le commerce de vin en détail, et qui déjà s'était placé sous l'éminente invocation. Par un motif qu'expliquerait le séjour d'un trésorier royal, ou d'un changeur, ou d'un prêteur, la même maison s'appelait d'abord « des Monnoyes. » Au XVIIe siècle Gérard, conseiller du roi et quartinier de l'Hôtel de Ville, en était le propriétaire ; Jean-Bart y jeta l'ancre également, à ce que publie la renommée, et le fait est que des insignes maritimes s'y remarquaient naguère, qui pouvaient être le remous de la navigation de l'illustre marin dans les eaux de la grand'ville.
Le 10 est, lui aussi, une maison sur le retour. D'où venait-elle ? de l'usure et de la galanterie à petite mesure. Une femme à tout le monde s'y retira, vers l'année 1750 ; elle s'appelait Glorieuse Famichon et prêtait à la petite semaine aux nécessiteux du quartier les milliers de livres qu'elles avait amasses par petits écus en suivante de Vénus, comme on disait le plus honnêtement alors, et à ne se montrer d'un désintéressement égal à sa désinvolture que pour ses féaux seigneurs, les gens de guet. Glorieuse Famichon, une fois bourgeoise de Paris, faisait volontiers vendre à la criée les nippes des débiteurs qui payaient mal, après s'être elle-même habillée et déshabillée pour quelques-uns de ceux que la nécessité rendait ses tributaires. Un de ces clients en récidive lui disait un jour : – Chère Glorieuse, comment oses-tu me mettre sur le pavé ? Je t'ai donné dans le temps plus d'argent que tu ne m'en a prêté depuis. – Mon vieux, répondit la prêteuse, je n'ai eu confiance en toi qu'à cause de cela. Mais ne parlons plus du passé : il faut bien que jeunesse se passe !
Le président Feydeau avait peu de temps avant, une maison à porte cochère vers le même endroit, et le président de Bragelonne la pénultième avant la rue des Cinq-Diamants (Quincampoix).
Dans un accord passé entre Philippe le Hardi et le chapitre de Saint-Merri, en 1273, la rue Aubry-le-Boucher est déjà intitulée vicus Alberici-CarNificis, et le boucher Aubry vit au même siècle.
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