Q3.En tant que coach, tu vois passer de futurs entrepreneurs, comment vois-tu ces personnes, quelles sont leurs interrogations ?
Je crois que le mot entrepreneur se conjugue à plusieurs temps.Parmi les personnes qui me consultent pour du coaching d’orientation ou du coaching de projet, je distingue au moins deux grandes catégories : celles qui croient qu’un projet ne s’inscrit que dans le futur (préparation du projet puis lancement du projet à Jour J…), et celles qui pensent que l’on doit démarrer son entreprise (coûte que coûte) en entrant dans une compétitivité de chaque instant et en relevant les défis au fur et à mesure qu’ils se présentent à nous.
La direction du Mur
Première remarque : Et si le fait d’entreprendre était un mélange savamment dosé de ces deux aspects ? J’y reviendrai…
Parmi ces personnes, il y a ensuite celles qui se posent des questions (pas toujours les bonnes) sur leur activité d’entrepreneur (ou de futur entrepreneur) et celles qui ne s’en posent pas beaucoup (ou pas du tout) et « foncent » tête baissée dans leur projet. Une sorte de « fuite en avant ». Je pense que c’est la meilleure manière d’aller droit dans le mur !
La pensée du Projet
Lorsque l’on pense « projet », il est plus que nécessaire -à mon sens- de penser « orientation ». Or, pour s’orienter, c’est-à-dire se donner un cap et le suivre, il faut en tout premier lieu savoir où l’on est. C’est du bon sens, nous le faisons d’ailleurs plutôt naturellement dans la vie quotidienne : je souhaite aller à tel endroit, je regarde une carte et je me dis le plus souvent, spontanément, « Bon voyons, où je suis d’abord… ».
Étonnamment, le « Où je suis » appliqué à la situation de projet ou entreprenariat est très souvent squeezé. C’est pourtant la question fondamentale qui pourra nous amener à choisir une direction et s’y tenir.
Mais il ne suffit pas simplement de regarder une carte.
Une carte n’est pas le territoire » (Alfred Korzybski)
Qu’est-ce que cela signifie ? Une représentation de la réalité (carte) n’est pas la réalité (territoire ou terrain).
Cela demande donc de penser un des aspects, pourtant très présent dans notre monde des nouvelles technologies (en général) et du web (en particulier) : la notion de mise à jour.
Se « mettre à jour », en regard de son projet, c’est actualiser ses interrogations sur son activité de projet, à partir de ses représentations pour les « confronter » au terrain.« Confronter », c’est mettre en présence deux ou plusieurs personnes, « front à front », et comparer les points de vue. Et lorsque l’on est dans cette perspective là, généralement, c’est que l’on a des choses à se dire.
Exemple : « Je pense que si je crée mon activité de blogging, je n’arriverai jamais à en vivre correctement (ma représentation actuelle n°1) » ou bien « Je pense que si je crée mon activité de blogging, je vais gagner énormément d’argent dès la première année (ma représentation actuelle n°2) ».
Dans les deux cas, qu’est-ce qui pourrait confronter ces deux représentations à la réalité du terrain ? Des moyens et des sources existent pourtant, il s’agit de les lister et d’entrer en contact avec les bons interlocuteurs : c’est-à-dire ceux qui vont être garants des réalités du terrain (institutionnels ou autres).
La question de l’orientation pose donc la question de la motivation : si je choisis un cap, il faut que je sache pourquoi je choisis cette direction et pas une autre. C’est fondamental afin de ne pas me perdre en cours de route.
Motivations et interrogations
« Etre motivé » ne signifie pas que l’on soit au clair avec sa motivation, avec ses motifs : c’est-à-dire les raisons pour lesquelles je me bats, je me bouge, je suis en mouvement. Et la très médiatique pyramide de Maslow est bien insuffisante, à elle seule, pour éclaircir tout ceci (j’y reviendrai aussi dans un autre post…).
Les interrogations que l’on se pose sont donc une bonne chose en matière d’entreprenariat et de projet, mais il convient également, à un moment donné, d’obtenir des réponses claires et précises. Or, bien souvent, les personnes qui me consultent viennent me trouver pour que je leur dise si ce qu’elles projettent de faire est bien. Chercher cette forme d’« autorisation » ne peut que déresponsabiliser l’autre, qui est et reste pourtant le « porteur du projet ».
Le doux chant des arnaques
Toutes les formes d’arnaques fonctionnent sur ce modèle : « Ne vous inquiétez pas, on s’occupe de tout, ça va marcher ! ». C’est tout sauf du coaching. Cela s’appelle de la déresponsabilisation et c’est un des pires écueils pour un entrepreneur. Créer sa propre entreprise oblige donc à se responsabiliser, travailler sa propre demande, réfléchir, et travailler sa demande auprès des autres, avec les autres. Cela peut paraître difficile de prime abord, mais il s’agit au fond d’une aventure humaine pleine de sens et riche d’enseignements.
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