Le Rite de Mikaël Hafstrom, c’est un peu la (mauvaise) réponse à ça. Pourtant, c’était bien parti. Cette histoire de jeune adulte (Colin O'Donoghue), tiraillé par des pensées contradictoires (Croire? Ne pas croire? Aimer son père? Le haïr?) et balancé en plein Rome pour y tester sa foi, débute dans un scepticisme inhabituel et une atmosphère anti grand guignolesque appréciable. Tiré du roman du journaliste Matt Baglio, le film déroule une première partie impeccable, qui observe l’exorcisme d’un regard critique. Les possédés défilent à l’écran, pendant que deux thèses s’y bataillent: l’explication psychologique du supposé futur prêtre, et, la foi pure et dure d’un vieux de la vieille (Hopkins, amusant). Une simple réplique : "Vous vous attendiez à quoi ? Des têtes qui tournent et des vomissements ?", demande amusé le Père Lucas à son acolyte dubitatif, … et tous les espoirs sont permis. Non, le réalisateur suédois ne va pas nous ressortir une resucée de l’œuvre mythique de Friedkin. Oui, il va s’aventurer sur un autre terrain : le film à thèse, loin des coutumières séries B du genre. Sauf que non.
Virage à 360° opéré en pleines réjouissances, Le Rite abandonne tout courage au milieu de l’intrigue, et tout ce beau monde se range vite fait bien fait dans les rangs. "Je suis venue pour voir ça", confie la journaliste (Alice Braga). Dont acte. Les vilains tics d’Hafstrom reprennent le dessus (comme dans Chambre 1408 et Dérapages), la ténébreuse dissertation se mue en conventionnel film de genre, et si les démons ne poussent pas le vice jusqu’à dégobiller, ils déballent tout de même la panoplie navrante du genre (crucifix, insanités, membres retournés et grosses voix d’outre-tombe). Le doute n’est plus permis : il n’y a plus rien à attendre de ce bel imposteur-là, froussard comme jamais lorsqu’il s’agit d’assumer ses envies premières de rébellion. Dès lors, la messe est dite.
Sortie DVD : 7 septembre prochain.