A priori, pas de quoi réveiller les morts avec ce qui ne semble être qu'une succession de saillies gore destinée à appâter le neuneu qui saurait s'en contenter. Du coup, salutations aux neuneus qui me lisent et notez donc qu'en matière de corps découpés, de têtes éclatées et autres gorges perforées, les aventures de l'anti-héros Guts et sa rivalité avec le dénommé Griffin sauront vous donner satisfaction, même si vous êtes l'un des Rolling Stones. Mise au point rapide : Griffin l'éphèbe à l'ambition dévorante et Guts le mercenaire envahi de haine qui servira un temps sous ses ordres, sont les deux points cardinaux de cette fresque où s'invitent démons barbares, monarques lubriques et autres guerriers assoiffés de sang. En gros, vous savez tout du scénario.
Pourtant, même s'ils occupent le haut de l'affiche et si le gigantisme ambiant doit beaucoup à leur charisme respectif, les deux ténors de l'épée ne monopolisent pas les planches, Miura étant parvenu à peupler son oeuvre d'un casting de seconds couteaux salvateurs, quitte à en être légèrement ridicule à mesure qu'il lui faut le renouveler (des ninjas, moui bon...). Remarque identique pour les intrigues secondaires et relents fantastiques qui habillent la quête vengeresse esquissées dans les premières pages et permettent à l'itinéraire de Guts d'être un peu plus qu'une ligne droite parsemée de climax sanglants. Toutefois, il convient de ne pas se laisser blouser par l'engouement que suscite la série, laquelle, en dépit de ce qu'elle cache, ne mérite pas d'être considérée comme un sommet de réflexion sur la condition humaine. Défouloir jubilatoire, Beruseruku contient en effet juste ce qu'il faut de sentiments pour ne pas puer la gratuité. Ce qui constitue déjà un vrai petit tour de force au regard de la place occupée par la castagne.
Beruseruku (Hakusensha) - Depuis 1990