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La touche aérienne d'Herreweghe sur Bruckner

Publié le 18 février 2008 par Philippe Delaide

Concert hier après-midi 17 février à Pleyel. Programme Mahler (Les "Rückert Lieder") et Bruckner (la 5ème symphonie en si bémol majeur). Philippe Herreweghe dirigeait l'Orchestre des Champs-Elysées. Le baryton allemand Christian Gerhaher interprétait les lieder de Mahler.

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Philippe Herreweghe et Christian Gerhaher ont d'emblée restitué, avec de très belles nuances, le climat envoutant de ces lieder. Philippe Herreweghe accompagne avec une finesse extrême les moindres inflexions de la voix du baryton et l'acoustique exceptionnelle de Pleyel permet de savourer toute la précision de cette direction musicale. La voix du baryton est bien posée, l'articulation parfaite. Le crescendo saisissant du fameux "Um Mitternacht" nous fait saisir tout le désespoir contenu dans ce lied. L'orchestre déploie des couleurs magnifiques qui compensent heureusement la morbidité de ces pièces. Le lied où l'accompagnement orchestral s'avère le plus chatoyant est bien le dernier, de toute beauté ("Ich bin der Welt abhanden bekommen"). Chrsitian Gerhaher confirme qu'il est un grand mahlérien, très respectueux du texte et dont le phrasé est parfaitement maîtrisé.

Sur la monumentale 5ème symphonie de Bruckner, Philippe Herreweghe confirme la caractère

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ductile de la sonorité des instruments anciens. Comme je l'avais déjà souligné dans la note du 26 décembre 2006 et relative aux différents univers brucknériens (Wand, Harnoncourt, Celibidache...), Philippe Herreweghe apporte une touche aérienne et une souplesse qui constituent bien sa marque de fabrique (comme sur des oeuvres radicalement différentes comme les cantates de Bach). Par rapport à la 4ème ou la 7ème symphonie de Bruckner avec le même orchestre, Philippe Herreweghe a imprimé toutefois hier plus de mordant, et a imposé d'emblée une certaine tension de la ligne qui est indispensable sur cette symphonie. Car il est bien question ici de tension permanente, d'opposition incessante de climats, de tiraillements, de l'Adagio d'introduction au Finale.

Anton Bruckner était fasciné par le Requiem de Mozart. La direction finalement très XVIIIème siècle de Philippe Herreweghe (formation orchestrale plus réduite, instruments anciens) met en évidence de façon flagrante la parenté de l'un des thèmes principaux de la 5ème symphonie de Bruckner (dévoilé au milieu du premier mouvement et repris dès l'ouverture du Finale) avec le non moins saisissant Introitus du Requiem de Mozart.

Très belle version dans l'ensemble avec une haute tenue des différents instrumentistes (les quatre cors, cruciaux comme toujours chez Bruckner, Marcel Ponseele, hautboïste, fidèle des fidèles de Philippe Herreweghe, comme toujours sublime, surtout sur l'introduction de l'Adagio).

Très beau concert, enregistré pour France Musique.


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