Concert hier après-midi 17 février à Pleyel. Programme Mahler (Les "Rückert Lieder") et Bruckner (la 5ème symphonie en si bémol majeur). Philippe Herreweghe dirigeait l'Orchestre des Champs-Elysées. Le baryton allemand Christian Gerhaher interprétait les lieder de Mahler.
Sur la monumentale 5ème symphonie de Bruckner, Philippe Herreweghe confirme la caractère
ductile de la sonorité des instruments anciens. Comme je l'avais déjà souligné dans la note du 26 décembre 2006 et relative aux différents univers brucknériens (Wand, Harnoncourt, Celibidache...), Philippe Herreweghe apporte une touche aérienne et une souplesse qui constituent bien sa marque de fabrique (comme sur des oeuvres radicalement différentes comme les cantates de Bach). Par rapport à la 4ème ou la 7ème symphonie de Bruckner avec le même orchestre, Philippe Herreweghe a imprimé toutefois hier plus de mordant, et a imposé d'emblée une certaine tension de la ligne qui est indispensable sur cette symphonie. Car il est bien question ici de tension permanente, d'opposition incessante de climats, de tiraillements, de l'Adagio d'introduction au Finale.Anton Bruckner était fasciné par le Requiem de Mozart. La direction finalement très XVIIIème siècle de Philippe Herreweghe (formation orchestrale plus réduite, instruments anciens) met en évidence de façon flagrante la parenté de l'un des thèmes principaux de la 5ème symphonie de Bruckner (dévoilé au milieu du premier mouvement et repris dès l'ouverture du Finale) avec le non moins saisissant Introitus du Requiem de Mozart.
Très belle version dans l'ensemble avec une haute tenue des différents instrumentistes (les quatre cors, cruciaux comme toujours chez Bruckner, Marcel Ponseele, hautboïste, fidèle des fidèles de Philippe Herreweghe, comme toujours sublime, surtout sur l'introduction de l'Adagio).
Très beau concert, enregistré pour France Musique.