Il est temps...

L'été est déjà bien avancé. Nous attendions tous ce moment avec impatience; l'été est bien souvent une saison de resourcement, de joie, de paix. Une période où on prend le temps.

Alors avons-nous pris le temps?

Les magazines féminins ont pris ce temps de pause pour nous parler de sexe. L'économie mondiale a pris ce temps de congés pour s'effondrer. Un norvégien a pris ce temps de réflexion pour massacrer ses voisins.

Et nous, avons-nous pris le temps?

Dans quelques jours, plus d'un millions de jeunes participeront aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid. Ils pourront s'amuser, vibrer, prier. Ils pourront écouter les enseignements de Benoit XVI, réfléchir, se relancer.

Et nous avons-nous pris le temps?

Il y a 1700 ans, Saint Antoine, initiateur de la vie monastique en Egypte, racontait l'anecdote suivante :"il vit quelqu'un de semblable à lui qui, tantôt assis, se livrait au travail manuel, puis se levait quittant son travail pour prier. Ensuite à nouveau, il s'asseyait pour se remettre à tisser des nattes, puis se relevait une nouvelle fois pour prier. A voix de l'ange du Seigneur lui dit : Antoine, fais ainsi et tu vivras."

A sa suite, les moines nous enseignent une juste utilisation du temps. Il y a un temps pour le travail, il y a un temps pour la prière, il y a un temps pour la détente.

Armés de nos iPhone et Blackberrys, prenons-nous le temps... celui de la prière?

Cette question peut paraitre ringarde, ennuyeuse, catho alors qu'en fait, elle est universelle.

En économie, les agences de notation qui se sont souvent trompées sont aujourd'hui des oracles qui réagissent au quart de tour et peuvent faire chuter un monde. Dans la presse, les articles se suivent et se contredisent tant et si bien que les scoops vont parfois beaucoup plus vite que certains spermatozoïdes. En société, les idées nouvelles affluent, les familles se modifient, les bouleversements s'encouragent à la vitesse d'une voiture de sport qui serait pilotée par une tête-brûlée. En politique internationale, les révolutions surgissent sans qu'on s'en aperçoive et les réactions se font, se défont au gré d'une opinion, d'un budget, d'une capacité mais pas toujours d'une conviction.

La gestion du temps de BeniNews serait-elle un appel au conservatisme ou à l'immobilisme? Certainement pas. Les monastères ont bâti l'économie française, participé au développement intellectuel de l'Europe, nourri les pauvres. Ils ne nous enseignent pas la paresse, le retour en arrière ou l'enfermement. Ils nous enseignent juste qu'il y a un temps pour tout et que la prise en compte de tous ces temps construisent l'homme, le nourrissent et lui permettent d'avancer sereinement.

Le temps pour la prière nous manque. Nous avons besoin d'ancrer nos décisions dans la paix, d'agir au lieu de réagir, de penser au monde plutôt qu'à soi, de penser à Dieu en se souvenant que nous ne pouvons pas nous sauver tous seuls. L'homme n'est pas Dieu. "Acquiers la paix intérieure et autour de toi, des milliers d'âmes seront sauvées", nous dit Saint Seraphim de Sarov.

Les parlementaires américains qui s'écharpent sur la dette en ayant peur de perdre les prochaines élections, les éditeurs de magazines qui racontent des salades vinaigrées pour vendre en kiosque, nous-mêmes qui tournons dans tous les sens comme des abeilles, nous faisons tous face à des enjeux qui semblent importants et nous aimerions pouvoir tout résoudre. Pourtant, lorsque nous savons où nous allons, pourquoi nous y allons et que nous prenons le bon GPS, nous avons plus de chance d'arriver en forme à destination...

"Descends dans le secret de ton âme. Bannis-en toutes choses hormis Dieu et là, portes closes, cherche-le." (Saint Anselme, Proslogion)

Que cet été qui n'est pas fini (qui n'a même pas commencé si on en croit la météo) nous donne l'occasion d'expérimenter une nouvelle utilisation de notre temps afin que de retour en septembre, nous puissions librement prendre des décisions qui nous étonneront.