James (Frey) se réveille dans un avion, le tête défoncée au propre comme au figuré, sans argents, sans papiers. Il ne sait pas d'où il vient, encore moins où il va. James a 23 ans, il est alcoolique, drogué et délinquant... depuis dix ans.Deux possibilités s'offrent à lui : continuer de se détruire et mourir ou accepter d'être conduit dans un centre de désintoxication et vivre. Il choisira la seconde option.Dans cette "autobiographie", James Frey nous relate sa vie dans le centre. Les personnages hauts en couleur qu'il y rencontre, les amitiés qu'il va nouer, l'amour qu'il va croiser. Mais aussi l'enfer du sevrage, le découragement, cette envie irrépressible de boire, de fumer du crack...✮J'ai découvert James Frey avec L.A. Story, lu et adoré il y a quelques semaines de ça. Tellement adoré que je me suis ruée sur Mille morceaux en l'apercevant sur les étagères de la bibliothèque. En plus d'une réelle envie d'en lire plus de cet auteur, la curiosité m'a aussi poussé à ouvrir ce livre qui a suscité une véritable polémique aux Etats-Unis lors de sa sortie.
James Frey, qui rencontrait beaucoup de difficultés pour faire éditer ce livre, a décidé de le présenter comme une autobiographie, le récit brut d'une expérience réelle. Son passage dans l'émission d'Oprah Winfrey dans laquelle il relate cette histoire qu'il s'approprie totalement lui a d'ailleurs valu d'être porté aux nues par les médias américains.Quelques mois plus tard, un site internet découvre la supercherie et la rend public. Oprah réinvite alors Frey pour le livrer à un lynchage public. A tel point que des lecteurs ont souhaité obtenir des dommages et intérêts suite à cette tromperie...
James Frey - Photo : André Pichette, La Presse
Je ne m'attarderai pas plus longtemps sur cette polémique. Si en effet ces agissements ne sont pas tout à fait conformes au code de déontologie auquel les auteurs devraient se soumettre (j'ai dit devraient), on les oublie vite dès lors que l'on ouvre ce livre.
Il s'en dégage une force, une souffrance et une rage incroyable. Le récit est d'une dynamique rare, notamment grâce au style de James Frey, grand avare de ponctuation (les dialogues ne sont pas mis en formes).
Plus que le récit d'un sevrage, c'est une véritable lutte contre soi-même que décrit James Frey ici. Car si la dépendance est un enfer, son premier ennemi, le plus dangereux, c'est lui-même. Le roman oscille alors entre la description de la vie quotidienne d'un centre de désintoxication et la bataille que James se livre à lui-même.
De la rage et de la souffrance donc, mais aussi beaucoup d'émotion et de sentiments forts, proportionnels au manque et au désespoir que les pensionnaires ressentent.
Alors si vous n'avez toujours pas lu James Frey, remédiez-y...Ah et pour la petite histoire, Oprah a de nouveau invité James Frey dans son émission pour la sortie de son prochain livre qui s'annonce tout aussi subversif que les autres. Dans ce livre intitulé The Final Testament of the Holy Bible il sera question d'un Jésus Christ qui "aurait des liaisons avec des hommes, engrosserait les filles" et "soignerait les malades et pratiquerait l'euthanasie"... Sortie le 24 août, attention ça va jaser !