Le libéral-bingo

Je participais récemment à un brunch organisé par un ami libéral. Près de la moitié de l’assistance était composée de libéraux (dont quelques contributeurs de Contrepoints) et l’autre moitié était principalement composée de geeks, avec en outre quelques charmantes jeunes femmes d’autres horizons. Comme on pouvait s’y attendre, les conversations ont porté entre autres sujets sur les tensions budgétaires et monétaires majeures aux USA et en UE. Au milieu de l’une des conversations, j’entendis un magistral « BINGO ! » prononcé par un voisin hilare d’avoir retrouvé dans mon vocabulaire une expression rencontrée plus particulièrement chez les libéraux contemporains. Quelques jours après un ami contributeur de Contrepoints me signale un article publié sur internet portant sur un brunch qui s’était tenu ce jour là…

Le jeu de libéral-bingo
Par David Madore

Je prenais le brunch aujourd’hui, pour célébrer le passage à Paris d’un ami de confession libérale (et que certains reconnaîtront sous le nom de code de ♯ƒ) avec différents amis, amis² (amis d’amis) ou amis³, parmi lesquels un certain nombre de coreligionnaires de ce ♯ƒ, dont un était semble-t-il éditorialiste de ce webzine (ceci devrait donner une idée). Un autre ami (que certains reconnaîtront sous le nom de code de s.b.i.), agent double de la Troll Corporation et du Club Contexte, a eu l’idée, dans laquelle je nie absolument toute responsabilité, du jeu suivant, que nous appellerons le libéral-bingo : il s’agit de prendre quelqu’un dont les opinions sont en sympathie avec le webzine ci-dessus lié, et de lui demander d’expliquer les causes de la crise grecque. Préparer une grille 3×3 dans laquelle on étiquettera les cases (numérotées de 1 à 9 de haut en bas et de gauche à droite) de la façon suivante :

« Les communistes » ou « les syndicalistes »
« L’État a le monopole de « la violence » »
« L’or » (présenté comme une vraie valeur) ou au contraire « la planche à billets »
« Les contribuables »
« Les gouvernements » et « les marchés » dans la même phrase
L’argument « ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas »
Keynes
L’euro imposé de force
« Les fonctionnaires » ou « la sécurité sociale » ou « les assistés »

Dès que vous repérez un de ces éléments dans son discours, cochez la case. Quand vous avez une ligne, une colonne ou une diagonale, dites « BINGO ! » — ou, si votre trollé est bien en forme, vous pouvez jouer pour la grille entière. Attention cependant, il est interdit de lui tendre des perches (comme mon trolleur professionnel ne s’est pas gêné pour faire).

Vous n’avez pas de libéral pur jus sous la main ? Ce n’est pas grave, voici une grille à utiliser pour des gens ayant une religion, disons, symétrique :

« Les ultra-libéraux » ou « les capitalistes »
« Profits » et « licenciements » dans la même phrase
« Le travail » ou « le pouvoir d’achat »
« Les électeurs »
« Les gouvernements » et « les marchés » dans la même phrase
Ce sont <groupe accusé d’avoir causé la crise> qui doivent payer
Hayek ou Milton Friedman
La BCE accusée de maintenir un euro trop fort
« Les grands patrons » ou « les spéculateurs financiers »

Évidemment, le vrai jeu doit être de réunir deux personnes, une pour chaque grille ci-dessus, de poser une question innocente, et de voir lequel fait un bingo en premier.

Assez bien vu de l’aveu même de plusieurs amis libéraux qui s’interrogeaient sur l’identité du chroniqueur ! Cependant si en passant en revue votre vocabulaire, vous remplissez allègrement toute votre grille de bingo, ne vous en faites pas trop sur votre traçabilité : un commentateur du blog de David Madore avouait « Je suis coupable… sur les deux grilles. » !

Un grand merci à David Madore pour nous avoir permis de reprendre son texte dans les colonnes de Contrepoints.