Ce qui était impensable depuis plusieurs mois est devenu indispensable aujourd’hui. En effet, les dirigeants de la zone euro, sous la pression des marchés, sont parvenus, jeudi 21 juillet, à franchir un pas de plus dans leur course pour enrayer la crise grecque et éviter tout risque de contagion vers les autres pays européens, menacés, comme l’Italie ou l’Espagne.
Bonnes nouvelles, l’accord conclu, vendredi 22 juillet, va sauver la Grèce à court terme, via un… défaut partiel et organisé, en lui permettant de s’endetter davantage et à de bonnes conditions de marché. Le concours des créanciers privés et de l’Europe permettra d’alléger la charge financière de la Grèce et d’organiser une nouvelle solidarité financière dont les contours restent à déterminer ; les États européens s’engagent à faire des efforts en matière de gouvernance européenne et à ramener leur déficit budgétaire sous les 3 % dès 2013, sauf pour les pays sous « tutelle » financière.
Malheureusement, les bonnes nouvelles s’arrêtent là et les problèmes de fond tels que la croissance européenne, le chômage et la mutualisation des risques entre États membres, par exemple, n’ont pas été résolus. Certes, la nouvelle architecture du FESF (Fonds européen de stabilité financière) s’approche de plus en plus d’un outil de solidarité et de mutualisation de la dette, un premier pas vers les fameux Eurobonds, mais les réticences allemandes ont limité l’efficacité de son action en imposant la règle de la décision à l’unanimité des États de la zone euro.
En somme, les chefs d’État européens n’ont fait qu’éteindre l’incendie grec et rassurer les marchés sur l’Espagne et Italie, dans la douleur. Cependant, la crise est loin d’être enrayée. En effet, selon les analystes, il n’y a pas un pays en Europe qui génère une croissance économique forte lui permettant tout simplement de faire face au service de sa dette publique, et les efforts budgétaires ne plaideront pas en faveur de son retour à très court terme.
On a colmaté une nième brèche sur le front de la dette publique, mais on ne résoudra pas les questions de la compétitivité des entreprises, on n’absorbera pas le chômage et on ne dynamisera pas la demande avec ce nouvel accord.
Pour sortir de la crise, les Européens ont besoin surtout de… croissance ! Ils ont aussi besoin de se transformer en bâtisseurs pour gagner en crédibilité, face aux marchés, au lieu de jouer les pompiers à chaque incident en adoptant les bonnes décisions en extrémité. À défaut, la crise s’empira et la stratégie de sortie de la zone euro s’imposera inévitablement dans le cas grec.