Le cahier et la plume(fable)
Le cahier et la plume
Un cahier et une plume couchés sous la lune
N’osais pas pudique se rapprocher de prés
Il ne fut pas question d’un profit de fortune
Mais de bontés intrépides , parsemée de libertés
La plume très coquette à la flamme s’enhardit
Sage elle n’aurait jamais du faire le premier pas
Mais sa beauté majestueuse à la fine courbure agit
Sur la texture du vierge papier qui gai se fronça
Attiré par les gracieuses tâches bleutées d’encre
Il s’avança hardi vers la pointe tendre de la belle
Ne restez pas seule! Approchez! Jetez votre ancre!
Je me laisserai absorber à votre sergent major label
Le vent s’engouffra sincère et fit tourner les feuilles
La plume se troubla à la trame de tant de beauté
De ce cahier dont les lignes vierges cillaient de l’œil
Au bon plaisir naturel de celle qui voulait l’aguicher
Le cahier pensa qu’il fallait mystérieux se donner
Pour garder auprès de lui, celle de son grand désir
Elle lui donna émerveillée mille baisers calligraphiés
Et s’épancha en larges écrits pour tisser son avenir
Le cahier tendrement absorba épanoui les parfums
Déposés sur son corps alourdi et passionné sécha
Les dernières larmes lascives de la plume sans fin
Devaient rester ce bel essai de la féconde corrida
La plume ayant consommé les richesses de sa liberté
Est repartie à son repos comme une folle lettre morte
Dans le dos d’un cahier froissé a jamais recroquevillé
Sur les lettres passées qu’il pensait étreinte qui conforte
Ne vous laissez pas égratigner par une trop belle plume
Sa beauté et ses beaux écrits pourraient vous troubler
Mais elle peut vous tourner le dos à l’instant où elle hume
Un nouveau papier attirant qui consent frivole à se déplier.
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