Non-polluante et silencieuse la voiture électrique qui apparaissait timidement ces dernières années, prend désormais d’assaut le bitume version 2012. Elle suscite les intérêts des constructeurs automobile comme des consommateurs. Presque aussi réactive point de vue vitesse que les véhicules à moteur thermique et de plus en plus en vogue depuis le Tesla Roadster convoité par Bono et les grandes fortunes écolos, la voiture électrique est l’enjeu numéro 1 de l’industrie automobile de ces prochaines années.
Cette nouvelle race de véhicules qui propose de révolutionner le quotidien en allégeant l’environnement sonore et en assainissant l’atmosphère soulève une problématique essentielle sur laquelle les plus grands spécialistes sont entrain de se pencher activement : le son.
Triple enjeux. C’est un fait, silencieuse, la voiture électrique est dangereuse. A faible vitesse, c’est à dire en deçà de 40 km/h, on ne l’entend pas venir et le conducteur a peu de « feedback » de l’engin qu’il conduit. La création d’un son artificiel pour ces véhicules se révèle alors être primordiale pour des questions de sécurité comme pour des questions de confort. Les marques ont aussi tout à fait saisi l’opportunité et l’intérêt d’injecter au cœur de ces nouveaux espaces sonores, des éléments d’expression identitaire. Tout le challenge de ce travail-là serait alors d’inventer un système sonore qui devra être aussi bien sécuritaire, confortable qu’identitaire. Dans cet optique, les constructeurs travaillent en collaboration avec des spécialistes avisés en design sonore pour conceptualiser ces sons qui restent pour le moment un secret plutôt bien gardé.
Eugénie Levallois, responsable au département Qualité perçue, Ergonomie et Prestations d’usage chez Renault explique que « dépasser les 40 km/h, le véhicule n’a pas besoin de sonorisation artificielle. Le bruit naturel du frottement des roues contre la route suffit à générer un bruit suffisant pour assurer la détection du véhicule. » Question confort, « nous avons abandonné l’idée d’un radar pour piétons qui était générateur d’anxiété pour le conducteur, pour un système électroacoustique raccordé à la vitesse de la voiture » continue la responsable du projet. Composé de quatre lois sonores qui se relaient selon le niveau de la vitesse, ce système électroacoustique se situerait dans le compartiment moteur et serait naturellement audible par le conducteur sans surenchère dans l’habitacle.
« Il est important que le son des voitures électriques diffusent des tonalités écologiques permettant au conducteur de se sentir en adéquation avec ses valeurs lors de la conduite » explique Ludovic Germain, président de l’agence Laps, travaillant lui aussi sur un projet de sonorisation de véhicules électriques. A quoi ressemble un son écologique ? « Il serait fluide. Pas très mécanique en tous cas », avoue Ludovic Germain. On l’aura compris, à ce niveau-là de compétition industrielle entre les marques, tout le monde reste assez évasif sur le sujet qui fut également présenté assez succinctement lors du dernier congrès de l’Audio Branding Academy en présence des représentants d’Audi.
Renault se dévoile un peu plus que les autres et avoue qu’il y aura trois choix d’ambiance sonore au démarrage du véhicule, tous trois intégrant la dimension identitaire: un son dit naturel, un masculin et un féminin. On trouvera pour conclure dans les interfaces homme-machine (clignotants, batterie, fermeture des portes) une tendance également identitaire des sons.
Dans l’attente du concerto urbain jouait par les véhicules électriques en marche, nous nous consolons aux sons des fixies qui filent !