Dans un tout petit peu plus d'un mois, l'équipe de France attaquera la Coupe du monde de rugby, face au Japon. Un mois, c'est bien peu pour peaufiner un plan de jeu dont on n'a pas vu grand chose depuis que Marc Lièvremont et ses collègues ont pris en main les rênes du XV de France il y a maintenant quatre ans.
Après deux premières années dont on veut bien croire qu'elles ont été celles des essais et du nécessaire tâtonnement, on a assisté à une forme de retour aux fondamentaux (conquête et priorité à la solidité défensive) doublé d'une approche approximative des schémas offensifs. Pour tout dire, on ne voit pas bien où le staff veut aller en ce domaine.
Cette visibilité réduite se combine avec les incertitudes qui planent sur la composition du groupe pour la Coupe du Monde. Car on ne peut proposer la même chose avec une première ligne cavaleuse qu'avec des piliers largement trentenaires et plus à l'aise au creux d'une mêlée que dans la ligne de trois-quarts, avec une paire de centres déménageurs de piano (Traille - Rougerie) ou pianistes virtuoses (Mermoz - Médard, puisqu'on parle de ce dernier pour le poste...).
L'assurance d'avoir des joueurs physiquement affûtés n'est pas négligeable, quand on sait que les matchs couperets se joueront (et se gagneront) sur l'intensité, et que dans ce type de rencontres, le cadenas défensif vaut souvent mieux que l'arsenal offensif. Sauf que face aux nations du sud, cela ne suffira pas.
C'est pourquoi l'inquiétude gagne peu à peu les rangs de tous ceux qui constatent que les bleus sont à peine entrés dans le vif du sujet. Les discours un peu convenus qu'on peut lire dans la presse ou entendre au gré des reportages ne rassurent que sur un point : la volonté est là et l'état d'esprit très positif entre les joueurs (la concurrence paraît saine, vue de loin...) ne peuvent que faciliter la mise en place des lancements de jeu et l'acquisition des schémas tactiques. Néanmoins, il sera difficile aux joueurs de roder tout cela alors que deux matches seulement sont prévus d'ici la Coupe du monde, et que le premier des deux se disputera sans doute sans plusieurs éléments clés (on pense en particulier à William Servat).
Au-delà des lancements de jeu, on aimerait avoir plus d'assurances sur un certain nombre de questions : comment le staff envisage l'approche globale du jeu, quelle utilisation du jeu au pied ou comment s'articule le système défensif avec le dispositif offensif (on pense notamment au jeu en contre dont on sait combien il compte désormais dans le succès d'une équipe).
Désormais, la priorité doit être donnée au jeu. C'est sans doute un peu tard si l'on juge la préparation du XV de France à l'aune des prestations actuelles des All Blacks ou des Australiens. Si l'on considère les phases de poule de la Coupe du Monde comme partie intégrante de ladite préparation, on peut nourrir quelque espoir.
Mais cela suppose qu'il n'y ait pas de (très) mauvaise surprise face à des équipes supposées plus faibles mais dont il faudra se méfier, et que la rencontre face aux Néo-Zélandais ne fasse pas trop de dégâts, tant du point de vue physique que psychologique.