Le chef de l'Etat n'a pas regagné Yaoundé depuis la fin de sa visite en Chine, il y a 9 jours.
Lundi 1er Août au journal parlé de 13h sur la Crtv, des messages de félicitations du président de la République, Paul Biya, adressés à son homologue de la Confédération helvétique, Micheline Calméri et au chef de l'Etat béninois Yayi Boni, à l'occasion des fêtes nationales de ces deux pays, ainsi qu'un message de condoléances destiné au Roi du Maroc, Mohammed VI, relatif au crash d'un avion militaire, ayant causé des pertes en vies humaines dans ce pays, ont été lus. En mi-journée sur les ondes de la télévision nationale, des images du séjour de Paul et Chantal Biya en Chine défilaient en boucle à la faveur de la rediffusion de l'émission «Présidence actu».
En dehors de sa présence sur les ondes de la Cameroon radio television, les Camerounais sont sans nouvelles de leur président depuis qu'il a achevé sa visite d'Etat en Chine le 22 juillet dernier. Au terme du séjour de 3 jours dans l' «Empire du milieu», le gros de la délégation qui l'accompagnait, composée de ministres et de représentants des milieux d'affaires camerounais, a pourtant regagné le bercail. En revanche, pas de trace du couple présidentiel. Selon une source introduite, Paul Biya, son épouse ainsi que quelques membres «indéboulonnables» de sa suite, se trouvent en ce moment en Suisse, pays où le chef de l'Etat prend généralement ses quartiers lors de ses «courts séjours privés en Europe». En résidence à l'Intercontinental de Genève depuis son retour de Chine, il aurait passé le week-end à Montreux, toujours en Suisse.
Le président camerounais y avait déjà séjourné pendant deux jours, juste avant de rallier Beijing, le 22 juillet. Ceci après avoir fait trancher, ou presque, par le secrétaire général du Rdpc, René Sadi, le débat sur la forme du congrès de son parti et sur la période de sa tenue. Débat qui a tenu en haleine l'opinion publique pendant des semaines. Avant son instruction pour la convocation du bureau politique, Paul Biya avait déjà passé un mois dans son village natal à Mvomeka'a ; où il a reçu notamment près de 200 artistes venus l'appeler à se présenter à la prochaine élection présidentielle, à l'occasion de la fête de la musique. Le chef de l'Etat avait dû regagner la capitale «en catastrophe», cinq jours plus tard, le 26 juin dernier, afin d'accueillir le sous-secrétaire d'Etat américain en charge des Affaires africaines, Johnnie Carson, le 27 juin.
Le régime politique en vigueur au Cameroun étant « hyper présidentialiste », d'après des spécialistes de la science politique, il va sans écrire que l'absence du chef de l'Etat au palais de l'Unité depuis 9 jours constitue, à n'en point douter, un facteur de blocage dans le traitement des dossiers engageant la bonne marche de l'Etat. S'agissant des dossiers en instance, le moins urgent n'est certainement pas la signature du décret devant permettre à Elections Cameroon (Elecam) de traduire dans les faits la loi sur le vote des Camerounais de l'étranger, promulguée le 13 juillet dernier. A 30 jours de la fin des opérations d'inscriptions sur les listes électorales, la pression n'est pas négligeable sur M. Biya.
Vacances ?
Ce d'autant plus que dans le numéro de l'hebdomadaire panafricain Jeune Afrique paru hier, l'on apprend en page 28 que « les ambassades du Cameroun à l'étranger ont été prises de court par l'adoption de loi sur le vote des nationaux résidant à l'étranger. Aucun recensement ne permet d'établir le nombre exact des expatriés [...]. Il est désormais question de recourir à des études démographiques effectuées par des chercheurs camerounais pour localiser les plus importants foyers de la population expatriée et choisir où installer les bureau de vote», explique J.A.
Du reste, le mois d'août étant généralement réservé aux vacances des chefs d'Etat et ministres, difficile d'affirmer, faute de communication sur le sujet, si le président camerounais passe les siens en ce moment en Suisse.
On sait par exemple qu'en France, pays qui est généralement cité en exemple par les pontes du pouvoir de Yaoundé, la «trêve estivale» du président Nicolas Sarkozy et de ses ministres court depuis hier, au terme d'un ultime conseil des ministres au palais de l'Elysée. Le président français en a d'ailleurs profité pour donner des consignes strictes à son équipe à cette occasion : « les ministres sont toujours en responsabilité, 365 jours par an. Ils peuvent se reposer, mais ils ne sont pas en vacances ». Les ministres ont du reste été «sommés» de passer leur été en France. L'exemple sera donné par Nicolas Sarkozy, qui passera trois semaines au Cap Nègre, dans le Var. Au programme, sport, repos en famille, lecture, mais aussi des dossiers sous les bras et un contact quotidien avec son directeur de cabinet. Une lisibilité qui n'est pas de mise au Cameroun où le temps et l'espace des vacances du chef de l'Etat et des ministres relèvent du secret d'Etat.