Ce matin, deux dames âgées faisaient leurs courses dans un petit supermarché. Leur caddie est bien rempli, je me pose derrière elles à la caisse, avec mes 3 articles. Tandis que la première range lentement les articles déjà scannés dans les sacs, la seconde semble passionnée par ce travail et observe en silence.
Humm, je sens que ça va être long.
Dans ce cas précis, j'analyse la situation : ont-elles besoin d'aide ? Avec ses mouvements lents et précis, je crois déceler des douleurs articulaires, et la vision d'excroissances osseuses sur ses mains confirme mes craintes. Son dos courbé et ses difficultés pour attraper son caddie parti en vadrouille derrière la caisse sont des signes imparables : cette dame a besoin d'aide. D'autant plus que son amie continue à la contempler sans bouger.
Je dois les aider, c'est évident.
De ma plus belle voix, je tente :
- Voulez-vous un peu d'aide pour ranger vos courses, madame ?
La vieille dame jette un oeil furtif sur ma personne, et me réplique, tout en rangeant son jambon avec 25% de sel en moins et son beurre sans cholestérol :
- Non merci. J'ai un peu de mal avec mon arthrose mais ça va aller. Je vais y aller lentement, c'est tout.
Ah zut je l'ai vexée !
La seconde dame qui l'accompagne continue à considérer avec admiration ce rangement dans le sac, toujours en silence.
Finalement, je peux bien attendre cinq minutes de plus.
Une fois passée à la caisse, je retrouve les deux camarades sur le parking. Une employée du magasin les aide à charger leurs achats dans leur coffre.
Dans mon rétroviseur je les observe, et je ne peux m'empêcher de me poser cette question :
Quand j'aurai leur âge, est-ce que quelqu'un me proposera de l'aide ? Ou est-on condamné à vivre dans un monde de plus en plus individualiste ?
Avec mes questions philosophiques, je sens que je vous ai plombé ce lundi ensoleillé...test