Voilà, le mois de juillet s’achève et j’entends déjà les soupirs de mes quelques lecteurs reprendre leur respiration après l’apnée subie depuis le 6 juillet dernier. Il était temps : après une telle absence, nulle doute que des choses croustillantes se sont passées en République du Bisounoursland…
Et en effet, quand on revient sur les trois dernières semaines, on se rend bien compte de l’avalanche de trucs consternants qui m’ont fait vaguement bondir lorsque je tombais sur les gros titres, ici ou là, entre deux occupations bien plus intéressantes.
C’est un peu la caractéristique des politiciens : opérés de la honte dès tout petit, ils ne savent pas se mettre en vacance ; tout comme les abrutis et à l’inverse des voleurs, ils ne se reposent jamais.
Pour revenir sur les événements saillants et éviter un billet fastidieux, je vais m’attarder ici sur une poignée seulement de nouvelles lamentables, en me limitant à la politique purement française. Chacune apporte sa pierre à l’édifice déjà fort imposant que nos édiles s’efforcent de construire, en béton armé, autour des pieds du peuple français qu’elles s’empresseront ensuite de précipiter dans le lac de misères le plus proche, une fois le ciment durci.
Le feuilleton de l’été aura donc continué à se dérouler comme prévu : DSK va, probablement, se sortir du guêpier new-yorkais pour retomber, le petit coquin, dans celui que lui fabriquent quelques méchantes personnes à Paris. Car il n’y a aucun doute : tout ceci ne peut être qu’un complot, voyons ! L’ex-futur président français n’a jamais tringlé tout ce qui passe, n’a jamais fait preuve de violences, n’a jamais été chopé dans le Bois de Boulogne ou dans des clubs libertins en pleines turpitudes, a toujours été parfaitement correct avec les femmes qui restaient seules avec lui, et Tristane Banon est une pauvre cruche manipulée.
Quelque part, on peut remercier la femme de chambre américaine ; elle nous aura évité, en portant plainte, d’avoir à la tête du pays un type dont les casseroles, marmites et batteries de cuisine rendent celles des autres candidats, pourtant fort nombreuses, presque discrètes.
Et puisque nous parlons grandeur de la France, nous ne pouvons pas échapper à la polémique ridicule qui secoua la seconde semaine de juillet lorsqu’Eva Joly s’exprima sur le défilé du 14 juillet. On peut admirer le soin qu’elle aura apporté à fermement saboter sa candidature en s’aliénant l’armée et les familles liées aux soldats, toute une partie des résistants, fils et petits fils de résistants, et une bonne partie des Français qui ont pris cette habitude de voir défiler leurs militaires ce jour-là.
On pourra ajouter à ces amusantes propositions les déclarations de la même candidate, dans son « Où vont les juges » paru en 2002 , sur la nécessité des citoyens de se plier aux diktats de la collectivité :
« Dans l’intérêt de la collectivité, chaque citoyen doit pouvoir supporter de pouvoir être suspecté de temps en temps. »
Franchement, ce n’est pas sympathique, cette petite piqûre de rappel de ce que le collectivisme produit de meilleur en terme de surveillance des voisins, parfum « Das Leben Der Anderen » ? Aaaah, Eva, les Verts avaient vraiment besoin d’un tel leader.
On admirera au passage un timing dans ces déclarations digne d’une écurie de F1 dans les stands lorsqu’il faut changer les pneus, alors que plusieurs militaires sont morts en Afghanistan. C’est d’un goût exceptionnel. Pas étonnant que Fillon, puis Sarkozy, en aient ajouté une épaisse couche ensuite, ce qui permet, pendant que tout le monde verse une larme émue sur les cadavres ramenés en plusieurs morceaux, d’évacuer la pertinence de l’occupation française sur place : qu’avons-nous fait là-bas, et est-ce que ça valait tous ces morts (civils et militaires) ?
En outre, si les saillies mal contrôlées de Joly sur le défilé ont permis d’éparpiller toute volonté d’ouvrir un débat sur la place de l’armée en France, elles ont eu l’effet pratique d’amoindrir la solidité de la candidature verte à la présidentielle, ce qui n’est pas pour déplaire à un parti socialiste dont la caractéristique principale est une surabondance comique de candidats : puisqu’il va falloir, une fois les élections remportées (mais si, mais si, puisqu’on vous le dit) distribuer les maroquins à tous les prétendants, on comprend que Martine se frotte les mains des boulettes mémorables d’Eva.
Et à propos de la Tartine, c’est tout de même elle qui, en matière de grosse connerie éléphantesque polito-politicienne à tendance démago-tocard de combat, nous en sort une inoubliable.
Certes, les élections approchant, la surenchère est ouverte. Mais on s’attendait à une certaine pudeur en ces temps de crise.
Même pas.
L’argent semble toujours couler à flot en République du Bisounoursland : elle envisage sans sourciller, grâce à son portefeuille magique qui fait tomber des sous gratuits dans l’escarcelle étatique, d’augmenter de 30 à 50% le budget du Ministère de la Culture.
Rassurez-vous, cette augmentation ne porterait « que » sur la mission « Culture » dudit ministère (ce qui porterait la facture du contribuable à près d’un milliard d’€ supplémentaire tout de même, soit 500.000 SMIC chargés, hein). Ça n’empêche pas de constater, si l’on reprend les communiqués palpitants du gouvernement, que ce budget est déjà supérieur à celui de la Justice.
Justice que tout le peuple français s’accorde à trouver de plus en plus loin des préoccupations basiques des citoyens. Qu’on se rassure : finalement, ces derniers payent maintenant plus pour des émissions télés stupides, des bouts d’aciers rouillés et des spectacles qui remodèlent le vide à grand coup de gore et de zgeg à l’air.
La conclusion est évidente : pendant ces trois semaines, il ne s’est rien passé de fondamentalement important qui remette en cause mon leitmotiv.
Ce pays est foutu.