« Touba Touba… » s’époumona un des apprentis de l’énorme bus sur lequel il est encore marqué les inscriptions d’un château de la Loire, en France ! Me voilà embarqué dans un voyage pour cette ville sainte et touristique. Comment en suis-je arrivé là ? Tout est parti de l’hôtel Onomo.
Profitant d’une aimable discussion avec un client de l’hôtel, fonctionnaire d’une institution internationale, autour d’un bon Thiébou Djeun, je me suis laissé convaincre de faire les 350 km qui les séparent de Dakar et de m’imprégner des charmes d’une ville en plein développement.
Un voyage tout en couleur et …en bus. Parce que je commençais à être fauché (les prix des taxis à Dakar ne sont pas toujours donnés) et puis « parce quand on n’est de passage dans un pays, il faut prendre les transports en commun pour tâter le pouls de la population et ce qui permet de la connaître un peu plus » m’avait conseillé le haut fonctionnaire d’une grande institution internationale rencontré à l’hôtel Onomo. « Ah bon !!! », j’avais fait mine d’être surpris.
Poudre miraculeuse
Mais il ne croyait pas si bien dire parce que pour ce voyage de presque 5 heures, j’allais être servi.
Les arrêts se multipliaient jusqu’à la sortie de Bargny (35 km de Dakar) pour prendre d’autres clients sur le bord de la route. Le soleil était au Zénith et l’achat de poche d’eau n’était pas un luxe.
A Thiès, profitant d’un arrêt pour prendre des passagers, un homme monta dans le bus avec de multiples sachets en plastique : des produits qu’il présenta comme de « pharmacie traditionnelle ». « Problèmes d’érection, d’hémorroïdes, de peau, de chance, pour retrouver un travail perdu ou un amour perdu, je suis la solution… ». Malgré les réticences des uns, d’autres n’eurent aucune hésitation à acheter de ces « produits miraculeux ».
L’hilarité comme compagnon
Enième arrêt à Khombole qui provoqua le courroux des passagers qui ne manquèrent pas de fustiger le Jeans en taille
A Diourbel, c’est sous cette bonne humeur qu’un de mes voisins évoqua la lutte, devenue en une décennie le sport n°1 du pays, en vantant les mérites de Modou Kharagne Lô. « Le lutteur le plus populaire de sa génération » s’est-il précipité d’ajouter.
« Tu en fais quoi de celui qui l’a battu : Balla Gaye 2 le lion de Guédiawaye » répondit un passager de devant .
« L’époque des jeux de Rome n’est si loin… » IAM
Le débat sur la lutte semblait diviser le bus en deux parties…enfin plutôt en trois. « Vous vous amusez alors que l’essentiel est ailleurs…c’est comme l’époque des jeux de Rome » s’irrita un passager jusque là silencieux et qui malgré la chaleur avait gardé sa veste. Il se replongea aussi tôt dans son livre alors que la discussion repris de plus belle. Il en fut de même jusqu’à l’entrée dans la ville de Touba.
Le fonctionnaire international de passage à l’hôtel Onomo n’avait pas tort. Le trajet même pénible avec les nombreux arrêts combinés à la chaleur fut plein d’enseignements.
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