Après le succès d’Une séparation, les films d’Asghar Farhadi ressortent au cinéma, dont A propos d'Elly et La fête du feu.
Une bande d’amis de la fac quitte Téhéran pour se diriger au bord de la mer Caspienne et passer trois jours de vacances. Il y a trois couples avec trois enfants très jeunes et un jeune homme Ahmad, qui revient d’Allemagne et sort tout juste d’une rupture. Sepideh qui a tout organisé, a aussi invité Elly, dans l’intention de la présenter à Ahmad.
Les vacances commencent dans la bonne humeur jusqu’au moment où un des enfants manque de se noyer. Elly était chargée de les surveiller. Mais Elly a disparu.
Asghar Farhadi filme avec brio cet huis clos oppressant. Les mouvements de caméra, les différents plans contribuent au suspense ; le jeu des acteurs est juste et chaque personnage prend une dimension et une identité à la fois charnelle et riche. La tension qui monte petit à petit est maintenu par un scénario habilement mis en scène et en image, le son des vagues presque incessant contribue aussi à rendre ce puzzle inquiétant et oppressant.
Qu’est devenu Elly, devient rapidement qui est Elly ? Le film, dont le titre est une phrase d'un dialogue de Sepideh résume bien les dilemmes qui se posent aux différents protagonistes, avec en toile de fond la condition des femmes en Iran.
Avec ce film, Asghar Farhadi explore une nouvelle fois les rapports entre les hommes et les femmes dans son pays. Avec la lancinante question de l’honneur en toile de fond et qui nous ramène, comme avec son dernier film Une séparation, vers les pays méditerranéens et les films italiens des années 1950. Construit comme un thriller, après un démarrage qui pourrait laisser présager tout autre chose ce film est vraiment passionnant, ce réalisateur formidable.
La question de l’Iran, de la maturité de sa population, est ainsi une nouvelle fois dévoilée dans ce film. L’ostracisme dans lequel ce pays est maintenu depuis plus d’une trentaine d’année ne doit pas nous faire oublier qu’il existe sous la dictature religieuse un peuple intelligent et des artistes qui savent questionner avec respect et audace les aspects qui nous paraissent les plus tendancieux de cette société. Ces deux derniers films sont des odes à la femme, au couple, à l’amitié et au respect.
Lu dans la revue Positif (juin n°604), un entretien d’Asghar Farhadi avec Michel Ciment, voici ce qu’il dit des ses affinités avec le cinéma italien : « … j’ai surtout été influencé par les films italiens de l’immédiat après-guerre, en particulier La Strada et les films de Vittorio De Sica. ».
À propos d’Elly
Asghar Farhadi, avec Golshifteh Farahani, Shahab Hosseini, Taraneh Alidoosti, Merila Zare'i, Mani Haghighi, Peyman Moaadi, Iran, 2009.