La face cachée

Pourquoi la Lune nous montre toujours la même binette? Parce qu’elle prend le même temps pour tourner sur elle-même qu’autour de la planète. Tout comme cette force de la Nature, nous avons une face enluminée et une face obscure. Mais contrairement à elle, on peut choisir celle qu’on préfère montrer.

Nul besoin d’être devin pour prédire celle qu’on préfère cacher… Hein?

Ce qui me rappelle un moment magique vécu avec mon fils unique. Il avait sept ans. Je venais de lui poser une question, à laquelle il avait répondu sur un drôle de ton. Curieuse de sa réaction, je voulus en savoir plus long.

Alexandre me regarda d’un air songeur. Puis, il osa ceci : Dominique, je t’ai menti tout à l’heure. Je m’en veux. Me pardonnes-tu? Touchée par cette confidence, je m’empressai de lui dire : Trésor, je n’ai absolument rien à te pardonner. Tu as tes raisons pour me cacher la vérité.

Je poursuivis : Moi, je t’aime comme tu es. Et je crois tout ce que tu me dis. Que ce soit faux ou vrai, je fais confiance à ton intelligence. L’important c’est que tu saches, toi, quelle est la différence. Il me serra dans ses bras avec un gros soupir.

Puis, il m’avoua ce dont je n’ai plus aucun souvenir…

C’est déjà tout un exploit d’être vrai avec soi. Alors, imaginez avec les amis et les étrangers… Il y a de quoi en trembler volontiers! Je sais. Ce n’est pas facile de se montrer tel qu’on est.

Tel qu’on naît.

Représailles, critiques, rejet et abandon découragent facilement toute envie de se montrer en entier. Pourtant, à trop dissimuler la demie de soi-même, peut-on vraiment être surpris lorsqu’on nous aime à moitié?

En vérité, ce que nous pensons de nous-mêmes si techniquement bien retouché est, aux yeux des autres, aussi évident qu’une chirurgie esthétique… ratée! C’est que l’amour est un solvant universel qui efface l’artificiel.

Il donne le courage de nous aimer sans ambages. Petit à petit, nous dévoilons notre vrai visage. Celui de l’individu sous le personnage. Ainsi, la reconnaissance qu’on attend de ceux qu’on aime commence par la reconnaissance de soi-même.

Reconnaître sur quoi on pile. Et ce à quoi on fait face. Pile. Et face. Ombre et lumière. Deux contrastes qui, une fois réunis, forment un tout complet.

Et chacun, chacune montre, comme la Lune, le même portrait!

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