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La bibliothèque de Catalogne

Publié le 01 août 2011 par Cardigan @onlyapartmentsF

Les bibliothèques ont toujours été des lieus d’accueil pour les vagabonds, avec l’exemple de Paris dont les bibliothèques sont inséparables de l’image des clochards, qui y passent l’hiver, chacun étant plus mystérieux que l’autre. On dit que chez les clochards de Paris, on trouve les hommes et le femmes les plus savants de la ville. Si ils ont acquis ce savoir comme conséquence de leur condition dans les bibliothèques de la ville ou que ce dernier date d’avant et en cela il faut trouver la cause de ce choix particulier de vie et cela continue d’être sujet à polémique.

biblioteque catalogne

Ce serait une erreur d’assumer qu’ils sont ivres, comme le disait l’écrivain de Los Angeles et l’éternel saoul Charles Bukowski (1920-1994), les vagabonds qui boivent n’ont pas tendance à fréquenter les bibliothèques lorsqu’ils ont assez d’argent pour se payer leur ration de vin. Cependant, ils trouvent difficilement un meilleur endroit pour passer le temps lorsqu’ils n’ont rien à boire ni à manger et que leurs hôtes les ont mis dehors ou qu’ils les chercher pour leur demander l’argent qu’ils leurs doivent encore. Après tout, au moins dans les bibliothèques ils peuvent utiliser les toilettes gratuitement, se chauffer en hiver, ils peuvent écouter le silence et il leurs est possible de revivre une autre vie indéfiniment.

Charles Bukowski sait très bien de quoi il parle. Après tout, il a été dans sa jeunesse un de ces vagabonds qui buvait, lisait et ne mangeait pas à sa faim du fait d’être écrivain. C’est dans la bibliothèque publique de Los Angeles qu’il réalisait, à temps plein et avec un dévouement qui était en lui même une œuvre maîtresse, les deux dernières activités. Après avoir dévoré des chapitres entiers de livres qui pour la majorité ne possédaient pas de substance valable et qui ne lui plaisaient pas vraiment, un jour il se retrouva nez à nez avec un exemplaire d’un roman Demande à la poussière, d’un certain John Fante, et grâce à lui il affirma sa vocation d’écrivain définitivement face à toutes formes d’adversité et cela lui changea à jamais la vie.

Ce fût pour utiliser l’expression avec laquelle Lorca s’était référé lors d’une lettre au sujet de son amour pour Dali, comme avoir une pièce en or dans la main et ne pas pouvoir la lâcher. Le nombre de personnes qui ont ressenti ce genre d’épiphanie dans des bibliothèques publiques est innombrable. Il s’agirait d’une liste infinie. Des gens sans autres possibilités, la plupart du temps, d’accéder directement à l’information ou à la culture. Cependant, que l’on peut ajouter aux victimes innocentes de la crise et cela ne semble pas être un phénomène du au hasard, ce sont précisément les bibliothèques publiques—qui paradoxalement sont un lieu d’études, de formation et de recherche d’emplois pour beaucoup de chômeurs—considérées pour beaucoup de gouvernements comme une dépense inutile plutôt que comme une inversion.

Le cas de la magnifique bibliothèque de Catalogne(http://www.bnc.cat/), qui cette année ne recevra aucune subvention ministérielle confirmant que les bibliothèques publiques, des centaines d’entre elles ont été fermées cette année en Europe, commence à se convertir en une sorte d’extinction.

Paul Oilzum Only-apartments Author
Paul Oilzum


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