La droite libérale des pays anglo-saxons (Républicains aux Etats Unis, Conservateurs au Royaume Uni) rêve du moins d'Etat. Les années 80 ont vu nombre de théories néo-libérales à l'épreuve des faits avec Reagan qui abaissa drastiquement les impôts américains, et bien sur "Maggie" Thatcher en Angleterre.
Chacun se souviendra encore de la privatisation du rail britannique à la fin du siècle précédent et des conséquences dramatiques (en terme de financement, d'infrastructures ...et de vies humaines) que cela provoqua. A tel point que les Tory britannique ont tout de même reconnu quelques erreurs il y a quelques années, et ne parlent plus (pour le moment) de la re-privatisation de Network Rail (le réseau ferré ) re-nationalisé en catastrophe par le gouvernement Labour alors qu'il menaçait de déposer le bilan.
La nouvelle étape a peut être été marqué par la privatisation de l'Education. Deux concepts s'affrontent ici: ceux qui pensent que les jeunes étant l'avenir de la société, celle ci doit subvenir aux structures qui permettent à cette masse de se développer et d'enrichir le bien commun. Les autres pensent que chacun sa merde, et que ceux qui veulent faire des études n'ont qu'à payer eux même. L'augmentation des droits universitaires à hauteur de £9000/an, voté l'an passé, participe à cette logique.
Le slogan de la Big Society, mis en avant par le Premier Ministre David Cameron contribue à cela. Les Conservateurs eux même ont du mal à justifier expliquer ce qui se cache derrière cette notion abscons inventée par les communicants du parti. Cyniquement on pourrait dire que cela consiste à trouver des bénévoles (la Big Society) pour effectuer gratuitement les services jusque la gérés par les autorités publiques.
Le gouvernement britannique ayant un programme d'économies ambitieux (il faut trouver 90 milliards de Livres Sterling d'ici 5 ans) tous les moyens sont bons. Bien sur, on coupe les budgets des autorités locales. Celles ci répercutent donc les coupes budgétaires sur les services délivrées à leurs administrés, et notamment en fermant des bibliothèques municipales. La solution proposée par les conservateurs : the Big Society ; si elle veut conserver la prestation, la communauté n'a qu'à trouver des bénévoles pour remplacer les employés de la bibliothèque et permettre ainsi au service de continuer à fonctionner.
Il y a 6 mois, j'ironisais dans une note de blog sur telles idées : "En d'autres termes, comprendre que si vous pouviez vous prêter des livres gratuitement, il n'y a pas besoin d'un service de bibliothèque «coûteux», il n'y a qu'à échanger avec son voisin de pallier ! (Je donne une autre idée: si chacun pouvait faire une rotation pour nettoyer / réparer les rues elles-mêmes, le Conseil pourrait sauver aussi beaucoup d'argent ... etc - oui, cela s'appelle des heures de travaux d’intérêt général, peine infligée pour les petits délits)"
Et bien je ne croyais pas si bien dire. Jeudi soir, réunion à la mairie. Un membre du cabinet du maire explique qu'il envisage toutes les possibilités... "y compris que certains résidents se chargent de nettoyer leur rue ; ils pourraient recevoir une réduction de leurs impôts locaux en compensation". Je vous passe sur l'aspect organisationnel : de combien sera la réduction ? en fonction de la longueur de la rue ? du nombre d'habitants de la rue ? Si il y a 60 maisons c'est £5 par mois, s'il y en a 600 c'est £50?Et si c'est 65, mais majoritairement en étages ?
Exit le transport, l'éducation, nettoyage et entretien de la cité... à ce rythme on se retrouvera bien vite en effet avec uniquement les fonctions régaliennes de l'Etat : faire la guerre et rendre justice.
Bien sur, cela veut dire un retour de 300 ans en arrière...