Ou, je sais, je tue le suspens direct mais que voulez-vous, il faut appeler un chat un chat !
Le premier :
Jusqu'à présent, je n'avais lu qu'un seul Marc Lévy et il m'avait plutôt plu. C'était " Mes amis, mes amours"...J'avais entendu dire du bien de " Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites" et la quatrième de couverture était tentante.
Etant donné que j'ai une vie légèrement mouvementée, je me suis également dit que c'était le moment où jamais de me lancer dans cette lecture qui devrait être facile et sans prétention...
Effectivement, trois jours et le livre était terminé et, hormis l'idée de départ, rien n'est plaisant...
A la lecture des premiers chapitres, j'ai eu l'impression d'être au beau milieu d'un Arlequin et je sais de quoi je parle puisque j'en ai lu un il y a 2 ans !
Même style (si on peut parler de style), même façon de tourner des phrases... Julia la wonder-américaine-woman qui va bientôt se marier, après une enfance pas vraiment heureuse mais elle a quand même réussi à se forger toute seule...
Je sors le violon de suite ?
Et puis le grain de sable improbable...
A la base, je maintiens que l'idée de la jeune femme qui a une semaine pour refaire connaissance avec son père qui vient de mourir et avec lequel elle était plus ou moins brouillée depuis 20 ans, était très sympa et prometteuse (bon, sauf que je ne savais pas comment cela allait se passer...).
Le résultat est plus que décevant !
Dès l'ouverture de la caisse (je n'en dis pas plus au cas où certains voudraient le lire et ne l'auraient pas encore lu !), je savais déjà la moitié de ce qui allait se passer... dont le dénouement final !
Dès la première soirée à Montréal, j'avais appréhendé l'autre moitié et j'aurais pu écrire les chapitres restants ou peu s'en faut !
Alors, je suis d'accord, le suspens n'est pas forcément un élément indispensable à la qualité d'une histoire mais lorsque le style est lourd et plat et l'histoire tellement grosse, qu'on la voit d'entrée de jeu, ça ne laisse plus grand chose !
Autant je m'étais laissée portée par " Mes amis, mes amours" qui était sans prétention, léger mais agréable, autant, là, j'ai vraiment eu l'impression qu'on me chaussait de gros sabots plein de paille et qu'on m'envoyait au milieu du monde sirupeux de Barbara Cartland...
Ah si, un passage m'a un peu transportée quand le récit passe à la première personne du singulier car Julia se rappelle sa jeunesse. Elle raconte comment, étudiante à Paris aux beaux-arts (évidemment, what else ?), elle se retrouve sur un coup de tête avec deux étudiants inconnus à assister à la chute du mur de Berlin... Sans doute très peu véridique mais, là, j'étais prise dans le récit. Peut-être aussi à cause des images que j'avais vues en direct à la télé ce fameux jour-là...
Quant au deuxième :
A l'origine, un mail reçu me parlant de ce livre en écho à ce sublime concerto qui m'émeut tant...Je me le suis procuré et l'ai commencé comme une gourmandise à déguster.
C'est donc l'histoire d'un homme qui entend le concerto pour clarinette en la majeur de Mozart, pour la première fois, un soir, dans le noir au fond de son lit.
L'émerveillement est tel qu'il part dès le lendemain à la recherche du disque mais l'émotion n'est plus. Il essaye alors de recréer les conditions pour ranimer l'émotion de l'instant sauf que l'émotion est morte avec l'instant et, même s'il arrive à ressentir quelque chose de beau en l'écoutant au fin fond d'une boutique, cette émotion-là également meurt et ne renaît pas.
Il espère alors qu'un concert sera la solution...
Autant vous le dire de suite : à peu près toutes les demi-pages, j'ai hésité à fermer le livre et à passer à autre chose...
Absolument insupportable !
Ce concerto si pur, si parfait et ce style si grossier, si lourd... Beurk !
Autant demander à un hippopotame sortant de sa mare de boue d'évoluer dans un salon entièrement blanc... Et encore, ce n'est pas assez fort comme image !
J'avais lu des critiques enthousiastes...
Donc, on pourra aisément en conclure que c'est moi qui suis vraiment passée à côté, voire au loin, voire sur la ligne bleue des Vosges du livre !
Pourtant l'idée de départ est géniale et ferait un magnifique sujet de philo au bac : l'émotion se suffit-elle à elle-même pour exister ou est-elle soumise et alimentée par un réseau de circonstances, de lieux, de temps ?
Mais, là, où les mimiques des singes africains d'un Pollack accompagnent la musique et la magnifient dans un décor de savane au soleil couchant*, les mots d'un Gailly sur un papier bien blanc la souillent de leur vulgarité (au premier sens du terme) courtaude !
Le style est celui que pourrait avoir un déficient mental racontant une journée de sa vie (j'ai bien compris, merci, que c'était voulu et que le monsieur qui écrit ne parle pas comme ça dans la vie. Il faisait " genre"... enfin, j'espère pour lui et pour ceux qui l'entourent !)... Et je présente mes plus plates excuses aux déficients mentaux qui pourraient se sentir insultés!
Les digressions sont frénétiques, permanentes, alambiquées et les angoisses maladives du narrateur se font sentir à toutes les lignes. Mais sont-ce bien celles du narrateur ou celles de l'auteur ?
Pour bien vous rendre compte, voici deux phrases (j'ai bien dit phrase et pas passage) extraites du livre :
" Ma foi, mauvaise foi, je suis de mauvaise foi et le jeu que je joue est stupide et dangereux, je connais la suite, bien sûr, la fin, le début même, j'ai un plan, c'est la première fois que ça m'arrive, d'avoir un plan, mais je suis incapable de l'exécuter,de commencer vraiment, parce que commencer vraiment ce serait finir vraiment et je ne veux pas finir, pas maintenant, pour une fois que j'ai un plan, j'aime me contredire."
" Je comprends, dit la dame, qui ne comprend rien du tout parce qu'elle se dit : s'il a réglé sa montre sur la radio ou le téléphone il avait forcément conscience de l'heure, mais s'il avait eu conscience de l'heure il aurait regardé l'heure plus souvent, il se serait aperçu bientôt que sa montre retardait d'une heure, il serait venu plus tôt, à moins, à moins qu'il ait très vite reperdu conscience de l'heure après s'être trompé d'une heure en réglant sa montre, se dit-elle, c'est probable, et elle s'apprête à le lui dire mais elle ne le voit plus."
Et les 120 pages sont de cet ordre-là et je ne vous parle pas des phrases qui noircissent à elles seules deux tiers d'une seule page...
Et je me demande toujours où est l'intérêt de telles logorrhées dont sont parfois atteint certaines personnes. Des phrases interminables qui ne sont qu'une succession de digressions et de juxtaposition de mots indigestes, juste pour le plaisir d'en mettre le plus possible et, parfois même, de mettre les plus compliqués possibles...
En conclusion : A éviter pour ceux qui le peuvent encore et à oublier le plus vite possible pour les autres !
A bientôt !
La Papote
* Je sais bien que la scène avec les singes n'est pas sur le concerto K.622 mais sur la symphonie K.364 mais c'était pour l'image... et je précise au cas où il y aurait des maniaques dans l'assistance !