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"Le discours de Grenoble a été à l’image du quinquennat : improvisation, inconstance et pour finir impuissance".

Publié le 31 juillet 2011 par Letombe

Un an après le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, François Hollande accord un entretien au Dauphiné Libéré et expose les grandes lignes de ses propositions politiques en matières de sécurité. Interview.

Quel bilan tirez-vous de ce discours ?
La plupart des annonces fracassantes de ce discours ont été soit abandonnées – je pense à la déchéance de nationalité – soit annulées par le Conseil constitutionnel – responsabilité pénale des parents, peines planchers pour les mineurs, salle d’audience dans les centres de rétention… Il n’a été confirmé que la période portée à 30 ans pour les assassins de policiers.
Quant au démantèlement des camps de Roms, qui avait suscité tant de réactions justifiées y compris au plan européen, la circulaire du ministère de l’Intérieur a dû être abrogée et les pouvoirs des préfets limités encore une fois par le Conseil constitutionnel. Quel piètre résultat pour une si fâcheuse polémique !
Ce qui me frappe, c’est l’écart entre la provocation verbale du discours et l’inaction concrète de la politique de Nicolas Sarkozy. Ainsi les renforts de policiers accordés pour Grenoble en juillet 2010 vont être retirés un an plus tard.

Vous voulez réconcilier la politique de sécurité et la gauche ?
Je veux en tout cas incarner une cohérence dans l’action avec deux axes prioritaires : il faut mettre les policiers et les gendarmes là où les besoins sont les plus nécessaires avec des réponses pénales plus rapides et mieux adaptées aux nouvelles formes de délinquance, assorties d’un suivi pendant et après la période d’incarcération pour éviter la récidive ; ensuite, il faut faire en sorte que les mineurs délinquants soient écartés de leur quartier en ouvrant des établissements de rééducation renforcés bien plus nombreux qu’aujourd’hui.
L’enjeu une fois encore, c’est la jeunesse. Aucun jeune de 16 à 18 ans ne doit être livré à lui-même. Il doit être en formation, en apprentissage et insertion ou dans l’activité. J’en prends l’engagement.

Comment allez-vous vous y prendre ?
La sécurité exige des moyens. Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy a créé 10 000 postes de policiers et de gendarmes et président, il en a supprimé 10 000.
Il y a une détérioration de la présence policière dans les quartiers les plus difficiles et la Cour des comptes a relevé une répartition défectueuse sur l’ensemble du territoire. La présence policière doit être renforcée dans les zones de sécurité prioritaire.
Ce que je dénonce, c’est une méthode et une politique dont ce discours constitue la plus regrettable illustration.
Pour combattre la violence, les trafics et les bandes, il faut agir non par des incantations bruyantes ou des inflations législatives mais par des mesures concrètes et continues qui passent par une politique éducative, économique, sociale, urbaine et pénale c’est-à-dire par une stratégie d’ensemble.

Ne risquez-vous pas d’être coincé entre le marteau de vos ambitions et l’enclume de la dette publique ?
Nous sommes devant un dilemme. Soit nous maîtrisons notre dette – ce qu’il faut faire au risque d’abandonner des fonctions régaliennes – soit nous lâchons prise et nous risquons d’abandonner les générations futures.
Il y a des domaines où il faudra renforcer notre action : c’est l’éducation et la sécurité intérieure, d’autres où il faudra faire des économies, tout ce qui a été accordé comme subventions ou allégements fiscaux sans contrepartie… et des efforts à demander à tous nos concitoyens, mais en fonction de leurs revenus et de leur patrimoine.
Mieux vaut dire la vérité sur ces questions plutôt que de tout promettre et de ne rien tenir.
C’est la raison pour laquelle je propose une grande réforme fiscale qui permettra d’assurer la justice et de moderniser nos prélèvements.

Et en ce qui concerne Grenoble ?
Cette ville mérite mieux que le discours qu’y a prononcé Nicolas Sarkozy, il y a juste un an. J’y reviendrai donc pour effacer le précédent et pour me tourner vers l’avenir sans avoir à manquer aux principes fondamentaux de la République, sans avoir à faire peur pour trouver des réponses efficaces.
Le propos de Nicolas Sarkozy restera l’exemple de ce qu’il n’aurait pas fallu dire et de ce qui n’aura pas été fait.
J’entends faire exactement l’inverse.

François Hollande

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