Chronique du lundi 1er août 2011.
Marc Lièvremont a fait le choix de sélectionner Aurélien Rougerie alors que celui-ci, victime d’une double fracture de la jambe, a été opéré le 9 mai. En plus de cela, à la différence des piliers, le sélectionneur français s’est refusé à prendre un centre de substitution, au cas où. Résultat, Maxime Médard fait office de bouche trou à l’entraînement et Aurélien Rougerie tente de se persuader que tout va bien alors que les jours passent et que nous sommes quasiment à 1 mois du début de la Coupe du Monde. La situation ne peut pas être plus catastrophique à un poste où l’équipe de France aurait enfin besoin de certitudes… Un challenge impossible :
Aurélien Rougerie risque de faire la Coupe du Monde. C’est même quasiment une certitude qu’il prendra l’avion pour la Nouvelle-Zélande car Marc Lièvremont peut difficilement se déjuger, à moins que le joueur, lui-même, jette l’éponge face à l’absurdité de la situation. Première échéance, le 22 août, celle où il faut donner à l’IRB la liste complète des 30 joueurs. D’ici là, la volonté du Clermontois devrait lui permettre de trotiner suffisamment pour donner l’impression qu’il peut monter dans l’avion. Le problème, c’est qu’il faut qu’il soit à 95% de ses capacités physiques et techniques pour, disons, le 3ème match, le 24 septembre, histoire de se tester face à la Nouvelle-Zélande et d’être au top au moins pour les quarts de finale. C’est là où l’affaire se complique. Si l’on part du principe qu’il recommence à courir à peu près normalement cette semaine, il lui reste 8 semaines pour retrouver non seulement l’intégralité de mouvements sur sa jambe blessée, avec la capacité de changer d’appui sans douleur, mais aussi toute sa forme physique ainsi que la technique individuelle et surtout la capacité de retrouver sa place dans le collectif de l’équipe. On va oublier toute ce qui concerne les automatismes, au moins jusqu’au 24 septembre, car il aura, au mieux, 2 matchs à jouer et on se concentre sur le reste.
Au niveau physique, 8 semaines pour retrouver un niveau correct est tout à fait possible. A condition, bien sûr, que la cheville ne pose pas de problèmes et que des douleurs récurrentes ne viennent pas rendre impossible de s’entraîner à plein régime. Ainsi, cette situation lui permettrait de faire des prestations correctes contre des équipes comme le Japon ou le Canada, mais certainement pas d’être compétitif face à la Nouvelle-Zélande et ensuite l’Angleterre ou l’Argentine. Parce que, ce que j’adore actuellement dans tous les commentaires fait par Marc Lièvremont et consors autour de la préparation, c’est cette naïveté de croire que l’équipe de France est la championne du monde de la préparation physique. Qu’est-ce qu’ils croient ? Que les autres se tournent les pouces en attendant le 9 septembre ? Même les petites équipes subissent une grosse phase de préparation et seront prêtes à tenir le choc physiquement. La différence entre les meilleurs et les autres, dans la première partie de la compétition, se fera sur la capacité technique à déplacer rapidement le ballon là où n’est pas la défense. Et là, ce n’est pas des courses avec chien de traîneau ou le lancer de rondin qui vont faire la différence. C’est la vitesse de transmission du ballon, les automatismes entre les joueurs, la bonne utilisation des schémas tactiques et la force d’un jeu collectif au point qui rendront l’équipe performante. Or, en retenant comme numéro 1, au poste de deuxième centre, un joueur blessé, l’entraîneur français s’est lui-même affaibli à un poste crucial, celui d’accélérateur de la ligne de trois-quarts. Rien que ça…
Pour être opérationnel, Aurélien Rougerie a besoin de retrouver la totalité de son intégrité physique. A la fois au niveau de ses prises d’appui, rapides et puissantes, de sa vitesse, de son placement en défense et en attaque, de son endurance, avoir la capacité de reproduire les efforts au moins sur 60 minutes, autant de choses qui me paraissent impossible à réaliser en si peu de temps maintenant. Autant au poste de pilier ( il y en a quand même 2 qui sont quasiment dans la même situation ), il est possible de livrer des statistiques correctes en étant à tout juste 80 % de ses capacités rugbystiques, du moment que l’intégralité de la puissance physique a été retrouvée, autant, au poste de centre, la même chose n’est pas possible. En n’étant pas à son maximum physique et même psychologique, Aurélien Rougerie risque juste de se faire régulièrement trouer en défense et d’être inoffensif en attaque. Ce serait suicidaire d’en arriver là dans une compétition où le moindre détail compte. L’équipe de France a suffisamment de problèmes, avec son absence de jeu de ligne jusque-là, pour éviter de se compliquer autant les choses avec un joueur dont l’intégrité physique ne pourra être garantie que, au mieux, fin septembre.
Quelles solutions ?
Celles-ci sont limitées. Soit Marc Lièvremont s’entête et continue avec le groupe de trois-quarts qu’il a sélectionné, et alors il n’a, avec lui, que 2 solutions. La première, la plus logique, est de positionner David Marty comme titulaire avec, soit l’option club, Maxime Mermoz, soit l’option rassurante, Damien Traille. La deuxième solution, plus imaginative, passe, selon les retours des entraînements de l’équipe, par le repositionnement de Maxime Médard à un poste de centre où, bien sûr, il manque cruellement d’expérience, surtout à ce niveau.
Soit Marc Lièvremont fait marche arrière et fait appel à un joueur extérieur. Là, toutes les supputations sont possibles. Le favori est, bien sûr, Yannick Jauzion mais celui-ci joue uniquement premier centre. Ce qui obligerait à repositionner Maxime Mermoz à son extérieur où à continuer à faire confiance à David Marty. Mais cette solution poserai immédiatement la question de savoir pourquoi Fabrice Estebanez a été sélectionné, devenant de facto troisième premier centre. Il parait donc difficile d’imaginer un tel choix de la part du sélectionneur. Reste donc la liste cachée des seconds centres. Poitrenaud, Fritz et Bastareaud semblent des clients sérieux même si, pour des raisons différentes, ces trois-là n’ont pas les faveurs du comité de sélection. Même si je ne suis pas dans le secret des Dieux, j’ai tendance à penser que c’est le moins expérimenté à ce poste, Clément Poitrenaud, grâce notamment à un caractère plus diplomatique et malléable qui devrait, alors, emporter le dernier strapontin pour un vol Paris – Auckland.
En tout cas, pour nous supporters de cette équipe, une certitude, le feuilleton de l’été n’est pas près de laisser retomber le suspens et même, peut-être les rebondissements. Plus on approche de l’échéance et surtout, maintenant que les premiers matchs de préparation approchent, les éléments du puzzle vont se découvrir d’eux-mêmes et vont nous tenir en haleine au moins jusqu’à la fin de l’été…
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