L'assommoir

Par A_girl_from_earth

 

L'ASSOMMOIR

Quel triste destin que celui de Gervaise, j'en ai encore le coeur serré! Zola excelle vraiment à décrire la misère du milieu populaire et ouvrier, en la rendant palpable et étourdissante, on en ressort comme grisé, et si le titre "Les Misérables" n'avait déjà été pris, je pense qu'il aurait collé à merveille à ce roman. L'histoire de Lalie en particulier, qui tient sur quelques pages, m'a profondément touchée et crevée l'âme. Cosette à côté peut aller se rhabiller! Pour moi, c'est un des plus beaux passages de L'Assommoir.

Si je me suis un peu ennuyée de l'intrigue en elle-même, autour de la vie "simple et tranquille" de notre blanchisseuse dont on suit successivement l'ascension sociale puis la déchéance, destinée quelque peu prévisible et spoilée à grands cris par les notes de bas de page qui oublient que tout le monde ne relit pas ce roman pour la x-ième fois (vraiment très pénibles ces notes de bas de page!), destinée sous le signe de l'alcoolisme, de la lutte pour la survie, de la décrépitude inexorable de cette couche sociale, j'ai trouvé remarquable le dernier quart du roman qui décrit de façon saisissante la descente aux enfers des Coupeau. Jusqu'à la toute fin, tragiquement sublime!

Zola brosse un portrait fascinant, complet et réaliste de ses personnages, je visualisais très bien tout ce petit monde. Je bouillais en moi-même du culot de Lantier et de la bêtise de ceux qui le côtoyaient. De même, je désespérais de l'issue de l'histoire entre Gervaise et Goujet, mais il n'en pouvait être autrement, Zola ici est sans concession, comme souvent d'ailleurs.

Ce roman fourmille de vie à travers l'écriture franche, crue et délicieusement imagée de Zola, il a le verbe agile qui sied bien au milieu qu'il décrit et on se prend des volées de mots bien envoyés à chaque ligne. J'aime beaucoup cette énergie du peuple qui sourd des romans de Zola, on côtoie les ouvriers de près, on touche la misère de près, c'est, en ce sens, un roman social très convaincant.

Il fut un temps où il était un de mes auteurs fétiches parmi les grands classiques français, j'ai encore un souvenir mémorable de Germinal que j'avais adoré, il m'en reste quelques-uns de la série des Rougon-Macquart que je n'ai pas lus, mais L'Assommoir était un de ceux que je voulais vraiment découvrir, sa réputation aidant, le titre m'intrigant aussi.

Voilà qui est lu et je me sens enfin délivrée de la curiosité de ce roman! Ce n'est pas un coup de coeur comme Germinal, dommage. J'ai été, je crois, lassée par les récits sur l'alcoolisme qui est une fatalité dans ce milieu, mais je sais maintenant de quoi il retourne. J'ai trouvé ça intéressant aussi de visualiser le quartier de La Goutte-d'Or du milieu du 19è siècle.

Enfin, ce roman voit également la naissance de Nana qui fait l'objet d'un roman à elle toute seule dans la série des Rougon-Macquart. C'est peut-être un des seuls de Zola que je n'ai pas aimé d'ailleurs (cela dit, je n'ai pas lu toute la série). Je me souviens même avoir abandonné vers le tiers ou la moitié du roman, mais ça remonte. Peut-être faudrait-il que je le relise, en même temps, quand j'y repense, et même à travers son portrait dans ce roman, je ne suis pas très pressée.