Une équipe de chercheurs, dirigée par le Dr. Lukas Van Oudenhove, de l'Université de Louvain a suivi par imagerie les changements dans le cerveau lorsque des personnes saines, non obèses, ressentent la tristesse. Durant cette expérience, les participants ont subi quatre IRMf de 40 minutes à des jours différents, dans un ordre aléatoire. Après une période de référence de 10 minutes, les participants ont reçu une perfusion intragastrique de 2 acides gras ou d'un véhicule salin et subi une “induction” de l'émotion soit neutre soit triste, qui a débuté 3 minutes avant la perfusion intragastrique. Des scores de bonheur, de faim, de nausées, et d'humeur ont été enregistrés avant le début, puis 3 fois ensuite au cours de l'expérience.
L'équipe constate que la transmission à l'estomac par perfusion d'une solution à base de matières graisses, atténue significativement les réponses du comportement et des neurones aux émotions tristes. En utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pendant une perfusion intragastrique saturée d'acide gras comparée à une perfusion de solution saline, les chercheurs ont identifié des activations dans certaines zones du cerveau, comme le tronc cérébral (dans l'encéphale), l'hypothalamus, le noyau caudé, le thalamus, le cervelet et le cortex cingulaire. Ces activations ont pu être bloquées par un antagoniste de la cholécystokinine (CCK), une hormone peptidique gastro-intestinale dont la production est déclenchée par l'arrivée de lipides dans l'intestin est le stimulus, démontrant ainsi le rôle clé de ce peptide intestinal dans les signaux intestin-cerveau induit par les lipides.
Les acides gras atténuent l'effet de l'émotion triste en comparaison avec une solution saline. L'effet induit par les lipides sur l'émotion est significatif, analysent les chercheurs, l'émotion triste étant réduite. D'une manière générale, les scores d'humeur s'améliorent avec les lipides. Ces données ont bien entendu des implications évidentes pour un large éventail de troubles, dont l'obésité –qui serait dans ce cas et dans certains cas une réponse à la tristesse et à la dépression, les troubles alimentaires et la dépression.
Giovanni Cizza et Kristina Rother du National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases, (Bethesda- Maryland) commentent: “Nous sommes ce que nous mangeons".
Source: J Clin Invest. doi:10.1172/JCI46380. 2011The American Society for Clinical Investigation. Fatty acid–induced gut-brain signaling attenuates neural and behavioral effects of sad emotion in humans (Visuel: images cérébrales sur lesquelles une interaction en la prise de graisses et l'émotion a été identifiée)