Après avoir servi dans l’armée canadienne en Italie et en Allemagne, Lennox s’est installé à Glasgow. En ce début d’année 1953, sa carrière de privé prend un dangereux virage. Lorsque Frankie Mc Gahern, un truand en plein ascension, vient lui demander d’enquêter sur l’assassinat de son frère jumeau, Lennox se doute qu’il y a anguille sous roche. Le soir même, on retrouve Frankie le crâne en bouillie. Le privé fait un suspect en or aux yeux de la police. Pour prouver son innocence, il va devoir faire allégeance aux « trois rois » qui dirigent la pègre de la ville et mettre le doigt dans un engrenage dont il ne sortira pas indemne…
Avec ce polar sombre et old school, Craig Russel propose une plongée dans les bas fonds du Glasgow des années 50. Une ville rude, triste à mourir, aux rues violentes et à la police corrompue. Un dicton local résume mieux que quiconque l’ambiance glauque de la plus grande cité écossaise : « Un jour de plus, toujours la même merde.»
Un privé bourru, des flics véreux, des femmes fatales et des méchants très méchants. Toutes les grosses ficelles du polar à la Chandler ou Dashiell Hammett sont ici réunies. Mais dépassant le cadre du simple hommage aux grands maîtres du genre, l’auteur parvient à créer un héros singulier. Lennox n’est pas un buveur de scotch bagarreur à l’imper froissé et au chapeau mou. Très marqué par son passé militaire, cet écorché vif, à la fois amère et cynique, fait preuve de finesse et d’intelligence.
Une certitude, ce roman à l’intrigue assez complexe ravira les amateurs de polar. Le nombre très important de personnages implique une lecture attentive afin ne pas perdre le fil mais au final, c’est un vrai plaisir de déambuler dans les rues de Glasgow avec cet atypique privé canadien.
Lennox, de Craig Russel. Calmann-lévy, 2011. 325 pages. 20,50 euros.