J.D Salinger, Nietzche, Shakespeare: trois auteurs que conseille le jeune Oliver Tate à sa petite copine. 3 auteurs revendiqués par Ayoade, peut-être, comme sources d’inspiration. Faut dire que ce Tate mixe à sa sauce toutes ces références : phrasé à la Holden de l’Attrape-Cœur, existence vécue comme un drame shakespearien, nihilisme nietzschéen sous-jacent. Avec cet ado, figure typique du ciné indé (comprendre : paumé, cynique, en marge) en mode Rushmore et au son des morceaux tranquilles d’Alex Turner (Arctic Monkeys et The Last Shadow Puppets), Submarine respire l’inventivité. A-t-il tout bon ? Pas forcément, mais on s’en fiche tant l’amour du cinéma suinte à chaque plan, le film multipliant les essais formels (arrêt sur image, voix off, apartés aux allures de clips) pour mieux transcender la grisaille générale.
Car, à la base, la vie d’Oliver Tate (Craig Roberts) n’est pas drôle. Risée de son bahut, coincé dans le cadre pluvieux du Pays de Galles, affublé de deux parents dépressifs et d’un voisin new age ridicule, il rêve sa vie, fantasme sa mort, fabule des folies en super 8. Pour survivre. Pour s’évader. Le résultat est ludique, attachant, bourré de fraîcheur. Entre romantisme et naïveté adolescente (avec l’histoire d’amour notamment), plein de la nonchalance et du spleen que convoquent les différences, Submarine affiche une identité qui lui est propre, un parfum et visuel et littéraire enthousiasmant (il s’agit d’ailleurs d’une adaptation d’un roman de Joe Dunthorne). In fine, la parenthèse - anecdotique mais intelligente- se révèle tout du long agréable, et parfaitement à l’aise sur le terrain de l’entertainment mélancolique.