Dire qu'il y a encore un an du côté de Nintendo, on chantait sans peine les couplets d'une chanson de Bashung, la firme ne connaissant pas la crise, ou de loin. Aujourd'hui, elle se trouve ébranlée par un lancement en demi-teinte de la Nintendo 3DS et un chiffre d'affaires tout aussi peu joussif pour les actionnaires. C'est de cette situation non prévue initialement par Iwata & consorts qu'est arrivée la baisse de prix de la portable.
Le président de Nintendo s'est d'ailleurs récemment exprimé à ce sujet et ce sont des déclarations empreintées d'humilité, mais aussi pouvant d'une certaine manière être considérée comme un aveu de faiblesse, qui nous parviennent enfin dans la langue de Shakespeare :
"En bref, nous en avons conclu que nous devions prendre des mesures drastiques pour que la Nintendo 3DS se développe et devienne la successeur de la DS. D'abord, nous avons pris la décision de baisser le prix de la console parce que nous sommes conscients que la situation actuelle qui entoure le support diffère de son lancement et la période post-lancement. Avoir une forte dynamique est très important pour le commerce d'une plate-forme de jeu vidéo et une fois que celle-ci est perdue, beaucoup d'énergie est requise pour changer cette tendance."
Ensuite, le big boss reconnait qu'ils avaient peut-être pêché par un excès de confiance et que finalement, le bouche-à-oreille n'avait pas été présent qu'espéré :
"Depuis le lancement de la Nintendo 3DS, une des choses que nous avons apprises est que cela a pris beaucoup plus de temps que prévu pour le produit devienne attirant aux yeux du public. Nous avons l'impression que ceux qui ont essayé la machine ont apprécié l'expérience, mais cette donnée ne s'est pas répandue aussi rapidement comme nous l'espérions. Pour nous et ce afin de maximiser l'effet de l'arrivée de titres majeurs en fin d'année, il était nécessaire d'augmenter la base de 3DS. Sans forcer le destin de telle manière, nous ne pourrions pas réaliser de ventes explosives en fin de saison. C'est l'une des raisons de cette baisse de prix."
Devant une telle prise de responsabilité, c'est toute l'entreprise qui se remet en question et les dirigeants aussi puisque Satoru Iwata indique que son salaire sera réduit de moitié, sachant qu'il touchait auparavant un peu plus de 120,000 € par mois, primes comprises. Les directeurs représentatifs subiront quant à eux une révision de 30 % de leur paie, et les autres directeurs "seulement" 20 %. C'est ce qu'on appelle un excès d'altruisme et de dévotion pour son entreprise.
Est-ce que toutes ces mesures seront suffisantes pour que le petit oiseau blessé reprenne son envol au milieu des gros oiseaux iPad & co ? Le temps nous le dira et surtout au courant du prochain semestre qui s'annonce d'ores et déjà passionnant pour les analystes en herbe, avides de déclarations, de chiffres et de spéculations souvent aussi inexactes que les dires d'un Pachter.