Il est des ouvrages qui ont la capacité de vous immerger totalement dans un univers, de vous proposer un éclairage pertinent est juste. « Seul dans Berlin » en fait indéniablement partie. Une vertigineuse plongée au cœur de l’Allemagne nazie à son apogée, ou la vie quotidienne est marquée par une allégeance, forcée ou non, au régime totalitaire en place.
Nous sommes rue Jablonski, dans un petit immeuble, quatre familles y vivent, chacune à leur manière, avec leurs idées, leur vision d’une tragédie qui est en train de se jouer sous leurs yeux, mais toutes vivent dans la peur et la soumission, même si elles n’en ont pas conscience. C’est dans cette ambiance délétère que la famille Quangel va recevoir comme un coup de massue sur la tête l’annonce du décès de leur fils au front. Une prise de conscience de l’absurdité de la guerre, une prise de conscience de l’ignominie du régime en place, d’abord induite par le sentiment de peine énorme causé par la mort d’un enfant, puis, petit à petit, par le constat d’une vie quotidienne devenue hideuse. La naissance d’un sentiment de révolte, un besoin irrépressible de dénoncer de quelque manière que ce soit. Bien sûr les Quangel ne vont pas devenir les « super résistants » qu’on pourrait croiser dans un film à succès, mais ils vont le faire à leur manière, avec leur moyens, avec le peu de place que le régime pouvait laisser aux gens. Ce sont des petites cartes dénonçant Hitler et le régime qui seront disséminées un peu partout dans Berlin. Bien évidemment, cela n’aura aucune incidence sur le cour de l’histoire, la Gestapo se chargera de faire disparaitre les cartes et leurs auteurs, comme pour rétablir une apparence qu’on souhaite à tout prix préserver.